C’est dans un véritable état de siège que s’est ouvert le Forum économique mondial sur l’Afrique à Abuja. Toutes les écoles ont été fermées et les regroupements restreints.
Cette messe qui se tient du 7 au 9 mai s’est vu imposée un sujet que les économistes libéraux éludent dans les débats sur le développement : le rôle de l’Etat ou plutôt sa faillite dans ses fonctions régaliennes, dans la surveillance de son territoire et dans la gestion de son monopole de la violence légitime ainsi que sa fonction de garant de l’ordre.
Quelques semaines avant l’ouverture de ce forum, le PIB du Nigeria a doublé, passant devant celui de l’Afrique du Sud et se classant au 26e rang mondial. Mais le 8e producteur mondial de l’or noir peine à assurer sa sécurité et a demandé l’aide de la France et des USA pour l’aider à combattre la secte Boko Haram. La nigérian army est dépassée.
Et ce n’est pas faute de budget. L’armée absorbe plus de 4 milliards de dollars par an et intervient dans les quatre coins de l’Afrique. En dépit de son expérience, l’institution militaire nigériane peine à résoudre la question sécuritaire. En avril, c’est une gigantesque tentative d’évasion qui a jeté la panique dans les encablures de l’hôtel Hilton où se déroulait un forum économique dédié à l’Afrique. Quelques jours plus tard, c’est un groupe de jeunes lycéennes qui est enlevé alors que le président Goodluck Jonathan, décidé à se représenter au risque de faire voler aux éclats le faible consensus entre le nord musulman et le sud chrétien, était engagé dans une vaste consultation des leaders de son parti. Et si le défi sécuritaire du Nigeria était d’abord de l’ordre du leadership?