» Avec l’Afrique, la Tunisie veut dépasser les relations fournisseurs-clients »
Président de l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises (IACE), Ahmed Bouzgenda a débuté sa carrière professionnelle au sein de Poulina avant d’intégrer l’entreprise familiale SBF spécialisée dans le Bâtiment et les Travaux Publics. En marge du forum Tunisie-Afrique, les 5 et 6 juin, il a accordé un entretien à Financial Afrik. Exclusif.
Pouvez-vous nous parler de l’institut arabe des chefs d’entreprises (l’IACE)?
L’IACE est un think thank économique international indépendant qui a pour vocation la promotion de l’entreprise et ses relations avec l’environnement. Nous faisons beaucoup de pédagogies pour les chefs d’entreprises dans le cadre de la promotion et du développement de leur structure.
Comment la Tunisie riche de ses acquis doit-elle aborder l’Afrique?
Evidement, en tant que centre de réflexion, nous réfléchissons beaucoup sur le modèle de développement d’après la révolution. La Tunisie doit aujourd’hui aspirer à des taux de croissance de l’ordre de 7 à 8%, et améliorer sa gouvernance de manière que cette croissance soit inclusive et se reflète partout dans ses régions. Evidement, dans le nouveau modèle de développement, nous avons identifié des axes sur lesquels les pouvoirs publics, le secteur privé et la société civile doivent étroitement travailler pour un partenariat durable avec l’Afrique subsaharienne. Il faudrait rapidement regagner une bonne place dans la coopération économique avec nos frères Africains. L’Afrique en tant que telle représente une très bonne opportunité et nous envisageons développer un partenariat gagnant gagnant qui mette en premier lieu l’intégration plutôt que de simples relations de marchés ou de clients-fournisseurs. C’est dans ce cadre que nous avons organisé le forum Tunisie-Afrique dont l’intitulé du thème central est : « Tunisie-Afrique subsaharienne, vers une intégration durable ». Il faudra qu’il y ait aient plus de mobilités de personnes, de capitaux, et de marchandises. C’est sur ces axes que nous avons développé notre stratégie globale pour un partenariat durable.
Vous avez évoqué, lors du forum, de la mise en place d’une stratégie appelée STAR, à quoi consiste t elle ?
La stratégie STAR est une contribution de notre institut à la réflexion qui est entrain d’être faite par les pouvoirs publics qui, aujourd’hui, ont entrepris depuis un certain temps l’élaboration d’une stratégie nationale de développement de partenariat durable avec l’Afrique subsaharienne. La STAR signifie la stratégie Tunisie Afrique Renouvelée. Cette stratégie a été présentée lors du forum aux partenaires Africains invités, qui apporteront avant la publication du document définitif leur point de vue afin de le renforcer et enrichir. Cette stratégie est globale et implique les deux parties. Nous avons dégagé 35 recommandations qui se résument sur trois axes :
-La’axe pour le développement humain : il met en avant plus de mobilité entre les différents pays et surtout les facilitations de l’obtention de visas.
– L’axe du commerce et de la logistique : il met en avant plus de relations, de liaisons aériennes, maritimes etc.
-L’axe sur les institutions où nous avons appelé au renforcement et à l’élargissement des relations diplomatiques et des signatures de conventions de libre échange.
L’Afrique est considérée à travers le monde comme un continent potentiel et vierge. Auriez- vous retenu, durant ce forum, un programme adapté et diversifié comprenant par exemple le volet investissements?
Nous avons parlé de développement et d’une intégration durable. Beaucoup de nos chefs d’entreprises ont fait déjà des pas, ils sont partis investir en Afrique subsaharienne dans plusieurs secteurs. Vous savez, aujourd’hui, les relations de partenariat ne se limitent plus à vendre un conteneur ou deux et puis revenir. Il faudra plutôt rester sur place, investir et développer le réseau. C’est cr type de partenariat que nous encourageons. Il faudra s’installer, transférer le savoir faire et contribuer à la création de l’emploi et de la formation.
Propos recueillis par Dia El Hadj Ibrahima
Un commentaire
Bonjour,
Je salue cette initiative même si on doit avouer qu’on a trop perdu du temps pour définir un projet Afrique Subsaharienne (AS). Mais comme on le dit il n’est jamais tard.
A ce jours là on est trop devancé par beaucoup de pays, même lointains de l’AS. Prenant le cas d’un pays proche de nous et qui a beaucoup de similitudes avec nous, notre voisin le Maroc. En fait le Maroc a réussi pour trois raisons principaux :
– L’engagement plus fort des autorités marocaines
– La grande prise de risque des hommes d’affaires marocains
– L’avancée des solutions logistiques ciblant l’AS
C’est clair que les 3 axes définis par l’IACE sont bel et bien des facteurs clés pour s’imposer en AS mais nous ne devons pas oublier un point très important qui est la mentalité des hommes d’affaires tunisiens, là y a un grand travail à faire. En fait il faut oser, avoir de la patience et viser le long terme. Sur ce volet là, l’IACE, le Cepex, le CJD, l’UTICA, CONECT…ont un grand rôle de sensibilisation à jouer. L’Etat doit prendre des initiatives pour aider ses hommes d’affaires.
Il faut tirer des leçons de la brillante réussite de la Chine sur le continent, il faut profiter des avantages de la Tunisie (surtout en matière grise) pour nouer des partenariats triparties (Pays développés voulant investir en AS/Tunisie/AS).
Et si on pense avenir, je dirais qu’il faut commencer à instaurer une culture orientée « entreprenariat Afrique » : faisons des clubs universitaires dans ce sens, des missions d’échanges universitaires entre la Tunisie et les pays d’AS, des stages en Afrique, pourquoi pas ? Le Tunisien pense qu’il a une idée sur l’AS alors que en grande partie ce n’est pas le cas, il a une simple image qui ne reflète pas la réalité. Tirant profit des étudiants subsahariens qui étudient en Tunisie, faisant d’eux des ambassadeurs de la Tunisie, créant des projets conjoints avec eux dans leurs pays dès la fin de leurs études…
Les idées ne manquent pas mais il faut qu’on croit au projet et qu’on aille des forces motrices qui travaillent jour et nuit pour y arriver.