À Porto Allègre, pendant 120 minutes, le sort a hésité entre l’équipe adepte d’économie d’énergie et celle qui exécutait la circulation du ballon comme une oeuvre de Goya. Le public, lui, avait choisi son camp, acquis au culte de la beauté. C’était le football algérien contre l’incarnation du foot mondialisé, la pirouette inspirée contre la rigueur froide et réaliste. Hélas, l’efficacité a eu raison de la lyre.
C’est ainsi que Goliath a eu raison de David. Une vaillante équipe algérienne tombe les armes à la main pour n’avoir pas pu transformer la quantité d’énergie produite tout au long de la rencontre en qualité. Ce petit chouia qui a fait défaut au Ghana en 2010 (et qui fait l’étoffe des vainqueurs ), a manqué aux attaquants algériens. Mais q’est ce que ces jeunes gladiateurs, à qui il ne manquait que le souffle divin des dernières minutes, étaient différents des lugubres Lions Indomptables? Qu’est ce que ces Fennecs étaient aux antipodes des joueurs camerounais qui, non contents de perdre, ont livré à la face du monde une image peu digne de l’Afrique. Non content de se battre entre eux en plein match, certains lions sont accusés d’avoir levé le pied quand d’autres alimentent les chroniques mondaines. Comme dirait l’autre, les Fennecs ont racheté l’honneur de l’Afrique avec cette énergie du désespoir qui a fait douter la puisante Nationale Mannschaf.
Les maghrébins auront tenu jusqu’au bout, le couteau entre les dents, contrant les ogres germaniques grâce à un portier , ce jour là pétris de grâce. Tant mieux pour le football qui révèle encore aux experts qu’il n’est pas une science exacte. Car, jamais les oracles n’ont été autant confrontés à leurs arrogantes certitudes qu’en cette terre de feu qui a vu naître Garincha, Pelé et Zico. Au final, le football gothique fait de rigueur et de gestion d’énergie a eu raison de l’architecture neo-mauresque où l’arrondi et la générosité des formes l’emporte. C’est clair au vu de cette prestation, la BMW s’est mise aux normes environnementales. L’équipe allemande a dépensé moins d’énergie que son adversaire du jour qui n’est pas encore au solaire et à l’éolien. L’efficacité qui a tant manqué aux équipes africaines est naturellement allemande. Du reste, au terme de ce tournois, l’on dira que l’Algerie aura été l’une des rares équipes africaines à réconcilier forme et fond, beauté du jeu et résultats. Un football châtié, généreux qui a péché parfois par excès de romantisme, mais qui a semé la graine du renouveau. Enfin l’Algérie tourne la page de la génération 1982.