Faysal Gouia, secrétaire d’Etat des Affaires étrangères de la Tunisie nous a livré ses impressions à chaud suite au discours d’investiture du président Mohamed Abdel Aziz. Entretien.
Vous venez d’assister à l’investiture du président de la république islamique de Mauritanie pour son second mandat. Qu’avez-vous retenu de son discours et quel regard portez-vous sur la Mauritanie ?
C’était un événement mémorable. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz a prêté serment. Un serment assez particulier parce que, non seulement il prête serment mais il s’engage constitutionnellement, directement ou indirectement, à ne pas changer la constitution pour un troisième mandat. Cet acte noble est nouveau en Afrique et dans les pays arabes. Il a aussi donné un excellent discours dans lequel il passe en revue la politique de la Mauritanie pour les cinq prochaines années. Il a fait également le bilan de son premier quinquennat. Un mandat à mon avis largement positif. Un mandat marqué par l’accroissement des investissements et de la croissance économique. Il a parlé d’un taux de croissance avoisinant les 6 et 7% durant les cinq dernières années. Il veut faire de la Mauritanie, un pays émergeant dans les années à venir, un pays sans corruption, un pays prospère pour les femmes et pour la jeunesse. Un pays démocratique où les libertés individuelles et collectives seront hautement respectées. J’ai beaucoup apprécié son discours pour une Mauritanie économiquement forte, stable et émergeante basée sur l’unité de ses peuples et les efforts collectifs de ses fils.
La Libye traverse une situation difficile. Y a t-il une solution maghrébine ou tunisienne en vue ?
La solution à la crise Libye doit être à mon avis générale et collective. Je pense qu’elle nécessite l’effort de tous les pays et de la communauté internationale. Comme vous savez, la Libye est un pays très riche en ressources naturelles et particulièrement en hydrocarbures. Sa stabilité doit être l’intérêt de tous. La Tunisie a toujours fait preuve pour aider la Libye à résoudre ses problèmes. Nous avons toujours appelé la communauté internationale à garder l’œil sur ce pays frère, cela bien avant que la crise n’atteigne son niveau d’aujourd’hui. Nous avons également invité les six pays voisins de la Libye à une réunion à Hammamet où nous avons entériné un programme étalé en trois phases :
a. Composer un comité politique avant tout
b. Composer un comité sécuritaire
c. Faire un rapport global où seront proposées toutes les solutions à cette crise.
Sur le plan pratique, la Tunisie reçoit des dizaines de milliers de réfugiés Libyens et Subsahariens chaque jour via sa frontière terrestre avec la Libye. Nous sommes ouverts aux frères Libyens mais tout en rappelant que la sécurité des populations Tunisiennes passe avant tout pour nous. C’est juste pour vous dire que nous sommes ouverts à tout refugié paisible et pas aux faiseurs de troubles.
La Tunisie se dirige vers des élections. Quelles sont les dispositions prises jusque-là par le gouvernement ?
Nous avons pris toutes les dispositions pour le bon déroulement de ces élections que tout le monde attend. Nous avons d’abord adopté une constitution progressiste qui répond aux aspirations de tous. Une constitution qui respecte la liberté et la démocratie. Nous avons en même temps mis en place une loi électorale. Nous avons élu au niveau de l’assemblée constituante des membres de l’instance supérieure indépendante des élections. Nous avons pris toutes les dispositions réglementaires pour assurer le bon déroulement de ces élections. Maintenant reste à organiser les élections et pour cela, nous avons ouvert les inscriptions dans les listes électorales qui ont été prolongées deux fois par faute de flux d’inscrits. Aujourd’hui, nous constatons qu’il y a eu un bon nombre d’inscrits et que ça continue aussi à accroitre. Je suis convaincu que le peuple Tunisien a atteint un certain niveau de maturité politique, sociale et civique qui lui permettra de répondre oui à une transition démocratique saine et paisible. J’y crois profondément et les élections se passeront très bien.
L’état Tunisien a décrété l’année 2014 comme année de l’Afrique. Que propose la Tunisie aux pays frères Africains ?
L’état Tunisien a déclaré l’année 2014, l’année économique de l’Afrique. C’est surtout une initiative du secteur privé Tunisien. L’idée est venue de l’Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat(UTICA). Pour une fois, c’est le gouvernement qui suit le secteur privé en Tunisie et nous avons accompagné l’idée jusqu’au bout. Nous avons organisé une tournée en Afrique (Tchad, Niger, Gabon et Mali) avec notre chef d’Etat et un bon nombre d’hommes d’affaires évoluant dans des secteurs différents. Nous avons conclu beaucoup d’accords entre États et secteurs privés de part et d’autre. Le président a suivi aussi les travaux de l’Union Africaine à Malabo. L’Afrique constitue pour nous non seulement un foyer d’opportunités mais aussi et surtout un prolongement de la Tunisie sur le plan culturel, politique et économique, d’où notre intérêt de développer les échanges avec un transfert global de notre savoir faire dans les domaines que nous maitrisons très bien. Nous sommes disposés à accompagner le développement économique de l’Afrique par notre expertise dans le domaine des études stratégiques, de l’éducation, du tourisme, de la santé, des travaux publics et autres secteurs.
Propos recueillis par Dia El Hadj Ibrahima