Par Johann Hertz
La microassurance se voit lentement intégrée en tant qu’outil de la finance inclusive. Le rapport 2014 de la Banque Mondiale sur les développements financiers globaux rapporte l’impact positif et graduel de la finance inclusive et souligne son rôle d’accélérateur pour la croissance. C’est particulièrement dans cette optique que la microassurance joue un rôle crucial.
La microassurance a longtemps été reléguée dans les divisions inférieures de la finance inclusive au profit de l’épargne et du crédit, produits plus visibles et au résultat facilement et rapidement quantifiable. Le manque de données sectorielles a contribué à reléguer la microassurance au second plan. En réponse à ce manque de données, la Fondation Munich Re et le Microinsurance Network ont lancé une étude faisant l’état des lieux de la microassurance dans le monde. On estime à 262.7 millions le nombre de vies et de propriétés couvertes par la microassurance dans le monde, dont 17% en Amérique latine et Caraïbes (données 2011), 17% en Afrique (données 2011) et 66% en Asie et Océanie (données 2010-2012).
Les produits microassurance ont provoqué des changements bénéfiques pour le développement de l’individu, du secteur financier, voire de l’économie. La souscription d’une assurance peut encourager l’investissement. La protection dont bénéficie l’assuré facilite la mitigation du risque de l’individu et le rassure au niveau financier. Dans le secteur agricole par exemple, les individus non couverts ont tendance à peu investir. Leur souci principal est de se protéger de potentiels risques en consolidant leurs recours financiers actuels. Les assurés sont en revanche enclins à investir à plus grande échelle afin d’augmenter leur rendement. Le changement de comportement induit stimule donc l’activité économique.
Dynamique vertueuse
L’effet bénéfique sur d’autres parties de l’économie est facilement démontrable. Le besoin d’optimiser les canaux de distribution a poussé les microassureurs à se tourner vers les nouvelles technologies et plus spécialement celles de la téléphonie mobile, secteurs en pleine croissance dans les économies émergentes. La distribution de produits de microassurance réalisée en collaboration avec les fournisseurs de téléphonie mobile s’est avérée bénéfique pour ces derniers. À travers ce partenariat, le client voit son accès à l’assurance facilité, et ce à moindre coût, tout en consolidant la fidélité au réseau téléphonique. Plusieurs microassureurs ont estimé une augmentation de 15 à 33% de la marge de dépense moyenne de leur client auprès de leur provider. Cette approche centrée sur la valeur client est fondamentale au développement de tous produits viables.
Tant en microassurance que dans les autres produits phares de la finance inclusive, l’éducation financière du consommateur reste un défi de taille. Les populations informées et sensibilisées au sujet sont bien entendu plus enclines à se doter des outils financiers mis à leur disposition. La majorité des analyses sur ce sujet soulignent que les méthodes traditionnelles d’enseignement scolaire ont un impact restreint. Cependant, les initiatives plus informelles, comme la promotion sur les réseaux sociaux et la description de produits dans les séries TV, s’avèrent plus efficaces. Documenter l’impact positif de la microassurance soutient son intégration à l’inclusion financière. La microassurance est complémentaire à l’épargne et au crédit, mais grâce à la confiance qu’elle procure au consommateur, elle est surtout un catalyseur de la croissance économique.
Pour plus d’informations sur la microassurance, le Microinsurance Network organise une conférence intitulée «L’équilibre entre la valeur client et la rentabilité dans le secteur de la microassurance», le 18 mars à la Chambre de Commerce à Luxembourg.
Johann Hertz est membre du Microinsurance Network, www.microinsurancenetwork.org