En marge de la conférence sur la notation financière qu’il a animé à Nouakchott, Stanislas Zeze s’est prêté au jeu des questions réponses. Interview.
Qu’est ce que la notation financière et quelle serait sa plus value pour une économie peu financiarisée comme celle de la Mauritanie?
La notation financière n’est rien d’autre que l’opinion que donne une agence de notation sur la capacité et la volonté d’un émetteur, pays ou entreprise, à faire face à ses obligations financières. C’est important pour les investisseurs qui cherchent à avoir de la visibilité sur la capacité et la volonté de l’entité qui emprunte pour leur assurer le remboursement ultérieur de l’ emprunt.. Ceci dit, pour un pays comme la Mauritanie, peu financiarisé comme vous l’avez dit, évidement l’intérêt serait d’abord le secteur privé. Toutes les économies ont besoin de capitaux pour se développer. La notation financière va permettre aux entreprises en Mauritanie d’ être plus attractives vis-à-vis des banques et des autres pourvoyeurs de capitaux.
Quelle est la différence entre les agences classiques comme Standard and Poor’s, Moody’s et les agences africaines comme Bloomfield ?
La différence est nette. Nous, agences Africaines, comprenons mieux les réalités du continent que les autres agences internationales. Nos analyses sont plus pertinentes parce qu’elles prennent en considération certains paramètres qualitatifs qui ne seraient pas pris par les autres qui ont tendance à mettre tous les pays ou toutes les entreprises sur le même pied d’égalité. Alors, on comprend bien que le niveau de développement de la Mauritanie ou du Nigéria ou du Kenya n’équivaut pas à celui des USA ou de la France. Donc, évidement c’est comme faire la comparaison entre des pommes avec des oranges ou des oranges avec des poires. C’est pour juste vous dire que nous, on compare des pommes avec des pommes et des oranges avec des oranges et nous comprenons que nous avons des marchés qui sont assez spécifiques, des marchés qui sont en évolution mais qui demeurent embryonnaires. Il y a des réalités à prendre en considération. Cependant, ça ne veut pas dire que nous minimisons ou réduisons la qualité de l’analyse ou les standards des agences internationales. Ces standards sont les même mais nous adaptons ces standards à des champs de réalité sans compromettre la qualité de l’analyse.
Vous revendiquez le numéro un en Afrique francophone. Est-ce un leadership par l’antériorité ou par la consistance du portefeuille?
On revendique les deux. Nous avons été la première agence francophone a être créée. Nous sommes nés en 2007 et nous sommes la première agence francophone à être agréée dans la zone UEMOA et évidement aujourd’hui nous avons une notoriété qui dépasse les frontières des pays francophones. Nous intervenons partout en Afrique et même en Europe, plus précisément en France et en Angleterre. Donc, je crois que ce n’est pas de l’arrogance quand je dis que nous sommes le numéro 1 en Afrique francophone.
La Mauritanie est à la veille de la création d’une place financière à travers la mise en place bientôt d’une bourse de valeur mobilière, qu’avez-vous envie de dire aujourd’hui aux décideurs Mauritaniens et aux promoteurs du secteur privé ?
J’ai envie de dire aux Mauritaniens de s’ouvrir à cet instrument extraordinaire qui va permettre justement permettre aux entreprises privées Mauritaniens et publiques aussi d’établir une notoriété, d’établir une visibilité d’une qualité de crédit qui leur permettra d’accéder facilement aux financements locaux, régionaux et continentaux. C’est très important dans la mesure où les investisseurs aujourd’hui se fient à 95% aux agences de notation financière. Pour vous dire qu’aujourd’hui la notation financière est devenue le guide par excellence des investisseurs. Elle permet d’avoir une visibilité sur où allouer leurs capitaux, une visibilité sur le risque de prêt et une visibilité sur le retour sur investissement.
Propos recueillis par Dia El Hadj Ibrahima