Adama Wade
Alors que s’achevait la première phase des pourparlers d’Alger, vendredi 19 septembre, à 72 heures de la date anniversaire de l’indépendance du Mali, une manifestation monstre était organisée à Bamako, jeudi 25 septembre. Un seul mot d’ordre à l’appel des 41 associations: « Contre le fédéralisme , contre l’autonomisme « …
Des milliers de personnes, enrôlés par la mosquée, l’église et les fonctionnaires ont scandé ce slogan dans une union sacrée bonne pour le moral des troupes. Mais qui empêche, en tout état de cause, de se poser la bonne question: le gouvernement central du Mali a-t-il encore les moyens politiques, militaires, diplomatiques et financiers pour préserver son modèle unitaire de type jacobin?
Dans un pays large comme trois fois et demi la France, où les disparités culturelles, déjà fortes lors de l’indépendance, se sont irrémédiablement creusées, est-il une vue d’esprit de parler d’autonomie, voire de large autonomie? Avec le statut flottant de la ville de Kidal où, vous le savez, l’armée malienne a pris la débandade, une nouvelle fois, à l’occasion d’une escarmouche survenue en mai dernière lors d’une visite controversée du premier ministre, Moussa Mara, peut-on encore pérorer depuis Bamako que « le fédéralisme est hors de question? »
Les atermoiements du président IBK lors d’une sortie ratée sur TV5, sortie durant laquelle il a contredit ses propres négociateurs, en disent long sur le cafouillage politique dans la tête des officiels maliens. La manifestation de ce jeudi après-midi est, à notre sens, une erreur politique car instrumentalisant les populations autour de l’équation binaire » autonomie = scission territoriale. Ou encore fédéralisme= indépendance ». De quoi radicaliser l’opinion publique, ce qui rendrait la pilule d’Alger ( dont nul ne connaît encore la formule scientifique) bien amère.
Dommage que la trop forte charge émotive autour de ce débat national interdise tout questionnement, toute introspection chez le malien lambda. Au grand bonheur des leaders politiques au pouvoir qui savent, eux, les conclusions d’Alger.
Car, derrière le radicalisme télévisuel du président IBK, se dessine le scénario d’un Alger II, de même acabit que le fameux Alger I de 2006 pour lequel on voulait brûler l’ancien président ATT. Au moins, celui-là avait eu la délicatesse de le faire en catimini, endossant seule une responsabilité qui a fini par l’étouffer. IBK qui voulait traduire son prédécesseur en justice assumera-t-il les conclusions politiques et institutionnelles de la phase 1 d’Alger II? That is the question.