« Il faut aider à développer un capitalisme local en Afrique »
Après la Sonatel en 1998,Total Sénégal est la deuxième entreprise du pays à entamer un processus d’introduction à la bourse régionale des valeurs mobilières d’Abidjan(Brvm). Dans l’entretien qui suit, Momar Nguer, Directeur Afrique et Moyen-Orient du célèbre groupe français s’attend notamment à voir cette opération représenter un effet de levier auprès d’autres entreprises ouest africaines qui tardent à intégrer le marché financier.
Quatorze ans après la Sonatel, Total Sénégal se prépare à intégrer la bourse régionale des valeurs mobilières de l’espace Uemoa. Que représente cette opération pour le pétrolier français ?
Pour nous c’est un moyen de renforcer l’ancrage de Total au Sénégal. Total a des actionnaires dans 21 pays d’Afrique. Ici, nous avons aussi des actionnaires et nous avons décidé de mettre en vente 290 000 actions. Nous voulons permettre aux Sénégalais d’investir dans l’actionnariat de notre groupe. Ce qui sera effectivement traité à la bourse régionale des valeurs d’Abidjan. J’ai été très surpris de découvrir qu’il n’y avait qu’une seule entreprise sénégalaise cotée à la bourse Brvm depuis1998. J’espère que cette opération va inciter d’autres entreprises à entamer le même processus. Je crois qu’en Afrique il faut que nous développions un capitalisme local. Il n’y a pas de raison que les travailleurs français, portugais ou espagnols investissent dans la bourse de leurs pays respectifs et que les épargnants sénégalais ne puissent pas investir dans des valeurs qu’ils connaissent .Quand vous investissez dans une valeur comme Total, vous savez au fond ce que vous achetez et où vous allez .Vous êtes en mesure de suivre l’évolution de l’entreprise dans laquelle vous avez investi.
Qu’est ce que cette entrée en bourse peut rapporter au souscripteur ?
Ecoutez, vous investissez dans une société dont vous avez constaté de visu la croissance ces dernières années. Vous avez vu le nombre de station services qui s’est accru au Sénégal, vous avez vu la nouvelle image, le nouveau logo ou le partenariat avec Orange money. Notre estimation de l’évolution du marché sénégalais des hydrocarbures ,c’est une prévision de croissance de l’ordre de 3% sur les dix à quinze prochaines années .La croissance dans les marchés pétroliers africains est portée par la mobilité et tout sénégalais aspire à disposer d’une voiture .C’est normal que nous continuons à croire que le marché va croître.
Sur quoi repose la stratégie de Total qui s’impose en Afrique de l’ouest au moment où les majors Bp, Exxon mobil, Chevron ont fini de se retirer du marché continental ?
Total est une compagnie qui a toujours cru en l’Afrique. Nous n’avons jamais douté de ce charmant continent. Quand les majors se sont retirés d’un certain nombre de pays, Total les a complètement rachetés. Mais au-delà de ça, nous avons mis les moyens humains pour gérer cette forte croissance en Afrique. Le fait qu’il y ait aujourd’hui un Sénégalais à la tête de Total en Afrique et au Moyen-Orient est le meilleur signe que cette entreprise compte sur l’Afrique et sur les fils du continent qui a une jeunesse vibrante et très créative.
Nous sommes en Afrique depuis plus de 70 ans nous avons l’ambition d’y rester pour les 70 prochaines années . Quand vous avez cette ambition là, vous vous donnez les moyens de la réaliser dans le domaine du recrutement d’un personnel de qualité. Vous vous insérez aussi dans le tissu économique des pays dans lesquels vous travaillez. Vous ne pouvez pas rester dans un pays pendant de si longues années en adoptant la même stratégie. Il faut savoir s’adapter à l’environnement des pays . Je suis fier de cette opération d’entrée à la Brvm d’Abidjan.