« Nous escomptons de meilleures performances pour 2014 »
Avec 36 agences au Burkina Faso, une dizaine d’agences en Côte d’Ivoire, 5 agences au Mali et un démarrage en trombe attendu début janvier 2015 au Togo, Coris Bank, navire amiral du Groupe Coris, est l’institution financière la plus dynamique en termes d’augmentation de la taille du réseau dans l’espace UEMOA. Son président et fondateur, Idrissa Nassa, qui a fait ses premières armes dans le commerce nous a accordé un entretien avec son slogan de toujours: la banque autrement.
Financial Afrik: Coris Bank, a été prise à parti par des manifestants lors des événements du Burkina Faso, fin octobre. Comment la banque a-t-elle surmonté cette étape?
Idrissa Nassa: CORIS BANK BURKINA comme certaines Institutions Financières de la place a été effectivement touché par les événements de fin octobre. Mais, pour le cas de notre institution, il est important de noter que ce ne sont pas les manifestants mais plutôt un groupe de délinquants bien connu de la police qui a profité des troubles pour s’en prendre aux guichets automatiques de la banque. Grace à la vigilance de la gendarmerie ces individus sont aux frais à l’heure actuelle.
Les dégâts sont essentiellement d’ordre matériel et portent sur deux de nos agences situées dans des zones les plus chaudes et notre agence principale dont les guichets automatiques ont été vandalisés. Ces événements n’ont pas perturbé le fonctionnement de la banque qui est restée constante au service de sa clientèle conformément à sa certification ISO 9001 : 2008.
Restez-vous sur vos principaux objectifs de croissance à la fin 2014? Quel bilan général peut-on faire de cette année en termes d’ouverture d’agences, d’expansion régionale et de gains de nouveaux clients ?
Cette année aura marqué l’accélération de la mise en œuvre de notre plan de croissance. Au plan domestique, nous avons poursuivi, au Burkina Faso, le rapprochement de nos offres à la clientèle avec l’ouverture de six (6) nouvelles agences. Trois (3) agences à Ouagadougou et Trois (3) à l’intérieur du pays ce qui porte notre présence à 36 agences au Burkina. Au plan sous régional, notre filiale de Côte d’Ivoire comptera une dizaine d’agences à fin 2014. Au Mali où nous sommes opérationnels depuis seulement le mois d’août 2014, nous ambitionons clôturer l’année avec cinq agences. Nous comptons ouvrir nos guichets au Togo au plus tard en janvier 2015. Cette offensive a renforcé notre capacité de prise en charge de notre clientèle à travers l’UEMOA avec une contribution évidente à la création d’emplois pour les jeunes dans nos pays d’implantation. Nous escomptons donc de meilleures performances pour 2014.
Quelles ont été les raisons à l’origine de la création de Coris Bank?
Ayant été moi même créateur et dirigeant de plusieurs PME, nous avons été régulièrement confronté à des problématiques de financements et de disponibilité de services financiers adaptés à nos besoins, sachant que les entreprises locales sont essentiellement de petites et moyennes entreprises. Aussi, c’est tout naturellement que nous avons saisi une opportunité portant sur un petit établissement financier avec un capital de 150 millions de F CFA ( 230 000 euros) qui était en difficulté, que nous avons repris en 2001 avec pour objectif de repenser et reformuler une autre approche de l’accompagnement financier de ce segment d’entreprises. Il nous a fallu sept années de dur labeur pour recapitaliser et restructurer cette institution avant de pouvoir la transformer en banque en 2008 avec un slogan qui traduit notre philosophie : »la Banque Autrement » Aujourd’hui, le groupe Coris à travers Coris Bank est la concrétisation de notre vision d’entreprise, un catalyseur de la croissance des affaires dans la sous-région.
L’espace bancaire sous régional est engagé dans une logique de consolidation. Peut-on envisager le mariage de Coris Bank avec une banque internationale ou régionale d’envergure?
Nous avons assigné au groupe Coris une vocation sous régionale et internationale et, en toute humilité, nous estimons être sur le bon chemin. Nous voulons donner la preuve que la jeunesse Africaine est capable de se prendre en charge dans tous les segments de l’économie, et que la réussite dans une activité aussi pointue que la banque peut être aussi Africaine et surtout originaire de notre espace UEMOA . Nos équipes dans tous les pays sont constituées de compétences locales avec une préférence pour les jeunes, parce que nous sommes convaincus qu’au delà des discours, personne ne peux connaître nos marchés et leurs besoins plus que nous mêmes. Un mariage avec un autre groupe n’est pas à l’ordre du jour en ce moment, mais nous sommes ouverts pour tout partenariat qui respecte cette vision et cette approche.
Qui est Idrissa Nassa? Quel est votre parcours sur le terrain économique?
Cadre de Banque et d’établissement financier de fonction et Économiste Gestionnaire de formation, nous avons été forgés très tôt dans l’entrepreneuriat dans un bassin familial très commerçant. Ma première entreprise à été enregistrée en 1984 au nom de « Établissement Nassa » et portait sur la distribution de pièces de rechanges pour les engins à deux roues. J’ai eu la chance de rencontrer un français du nom de Pierre Bormans aujourd’hui à la retraite à Nantes, qui était représentant de plusieurs industries pour l’Afrique. Ce dernier, impressionné par ma jeunesse et mon dynamisme, m’a adopté et à fait de moi son représentant dans la sous régions. Par la suite, je me suis introduit en Chine et en Inde avec pour objectif de mettre à la disposition de nos populations des produits adaptés à leur pouvoir d’achat.
J’ai ainsi dominé ce marché pendant longtemps aussi bien sur le Burkina que dans certains pays de la sous région. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, la dévaluation du F CFA intervenue en 1994 a été une bonne opportunité pour nous qui avions beaucoup de stocks importés sur la base de la dette locale. Cela nous a permis d’amorcer une diversification dans d’autre segments de l’économie tel que l’importation de produits de grande consommation, le transport, l’industrie graphique, les intrants agricole , etc…
Pour revenir à notre expérience dans le monde de la finance, elle commence avec la reprise de la Financière du Burkina (FIB). C’était un établissement financier créé en 1986 et doté d’un capital social de 150 millions de F CFA . Plus tard, elle rencontrera des difficultés dans sa gestion avec une forte dégradation de sa situation financière la conduisant à deux administrations provisoires de la BCEAO. La crise profonde de gouvernance traversée par l’entreprise et l’épuisement des actionnaires, appelés successivement à renflouer l’établissement, conduiront ceux-ci à solliciter mon intervention, d’une part en tant qu’opérateur économique et l’un des principaux fournisseurs de l’Etablissement financier à cette époque, et, d’autre part, parce qu’ayant les capacités financières et managériales nécessaires pour sa recapitalisation afin de lui apporter un nouveau souffle. Ainsi, en 2001, après avoir commandité un audit de la FIB et malgré des conclusions défavorables, confiant en notre vision d’entreprise, nous avons pris le contrôle de la société et porté le capital de 150 millions à 500 millions de F CFA en 2002. A partir de 2002, avec une équipe motivée et compétente, nous avons restructuré l’établissement et obtenu une extension de son agrément pour le financement direct de la vente à crédit et le financement des TPE (très petite entreprise). Finalement, c’est en décembre 2007, avec un capital social de 1,5 milliard de F CFA et la Banque de Développement du Mali comme partenaire technique, que Coris Bank a obtenu son agrément de banque universelle.
C’est donc entouré d’une équipe jeune et motivée, que nous avons alors amorcé la construction du groupe financier Coris autour de Coris Bank Burkina qui est depuis 2008 la banque qui bouscule les habitudes pour financer l’économie autrement.
Propos recueillis par Adama Wade
Un commentaire
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