Par Jean-Luc Vovor, Directeur Associé de Kusuntu Partners et Président du Think Tank Kusuntu-le-Club.
Au Panthéon des nouvelles idées est celle de la Francophonie Economique, une nouvelle aventure d’organisation du commerce principalement entre locuteurs de la langue française et autres francophiles. L’économie nait du rapport entre les hommes afin de régir leur rapport aux choses, en premier lieu toutes les choses nécessaires et échangeables dans le but de satisfaire les principaux besoins de l’homme, au premier desquels se nourrir, se vêtir, se loger. Il est indéniable que l’usage de la même langue facilite les choses. Des études récentes indiquent qu’en situation de choix multiples, l’agent économique tend à favoriser à près de 70% de ses échanges, le partenaire qui partage avec lui la même langue.
La Francophonie aujourd’hui est essentiellement africaine dans la mesure où les pays francophones d’Afrique se sont approprié cette langue laissée par la colonisation et qui, il est vrai facilite les rapports entre des groupes ethniques qui en font l’élément commun multiplicateur de leur relations au quotidien. Mais dans la course au progrès et à l’équipement, la langue n’est pas tout et les agents économiques s’imprègnent de langues nouvelles si celles-ci permettent de faciliter leurs échanges économiques. Ainsi, dans la relation francophone, l’Afrique, amoureuse éconduite s’est mis à des nouvelles langues pour trouver les biens qui lui manquent d’abord pour sa propre survie, puis ensuite pour son développement. La Francophonie économique, il faut se l’avouer, arrive un peu tard et sonne comme un mur de verre dans lequel l’ex-puissance coloniale tente pour sa propre survie d’enfermer ses partenaires éconduits il y a encore quelques temps.
La crise économique, la compétition mondiale, les perspectives d’équipement et celles de consommation africaines ont fait renaître assez récemment au sein d’une administration française en quête de remèdes aux maux de la récession et de la déflation, un retour d’amour pour l’Afrique. Retour qui n’est pas encore assez partagé par une population dont l’épaisseur des lunettes ne laisse pas encore entrevoir au-delà d’Ebola, Boko Haram et autres Seleka, la chance que représente l’Afrique et au-delà du partage de la même racine linguistique, une proximité culturelle et d’affaires encore trop sous estimée. Car autant que le québécois diffère de la langue de France, de Belgique ou de Suisse, la langue française d’Afrique est une suite de langues dont les populations se sont approprié les bases pour y construire leur propre véhiculaire économique et réglementaire.
Mais il faudrait aussi sortir de l’attitude du désespoir qui est l’image que peut donner vu d’Afrique, le foisonnement en France d’initiatives qui semblent se dupliquer les unes et les autres. Sans avoir encore pleinement défini et mis en œuvre les nouveaux contours de la Fondation France Afrique pour la croissance, apparaît le concept de Francophonie Economique, tous deux organes émanant d’une riche série de rapports parlementaires, gouvernementaux ou commandés par la présidence de la république elle-même en 2013 et 2014 sur la chance que représente l’Afrique pour la France.
L’Afrique aime la France et regrette l’absence de cette ancienne amie qui l’a longtemps oublié. Mais l’Afrique veut pouvoir avoir plusieurs amis, parler la langue de tous ses amis et faire commerce avec tout le monde. La francophonie ne saurait être un cylindre de verre, fermé par le bas dans un océan d’opportunité et dont la France occuperait la partie haute et ouverte sur le monde. La francophonie, forte des liens culturels qu’elle crée entre nous doit permettre une construction, ensemble, d’une sphère de co-prospérité économique, une création d’un espace francophone complice et ouvert sur le monde pour mieux saisir et construire sur les opportunités de la globalisation. Faire de notre proximité linguistique, culturelle et réglementaire un outil de conquête, ensemble.
Excellente année 2015 !