Nous l’oublions souvent, le football n’est pas un compte d’exploitation rationnel. A Bata, les Aigles de Carthage partaient favoris contre le Nzalang Nacional. Le champion d’Afrique 2004, 30e au classement FIFA, contre un 118 au palmarès vierge?
Certes, mais comme à chaque fois, le facteur humain est venu déjouer la froideur des statistiques.
L’arbitre mauricien a sifflé un penalty tendancieux à la dernière minute inscrivant son nom dans la longue liste des hommes en noir auteurs de boulettes historiques. N’ayons pas la mémoire courte.
En 1966, c’est l’Angleterre qui bénéficia de ce but litigieux contre l’Allemagne, ce qui lui donna sa seule victoire en Coupe du Monde. La balle qui a heurté la transversale a-t-elle franchi la ligne? La polémique a survécu au temps.
En 1986, c’est El Pibe del Oro qui crucifia cette même Angleterre avec la fameuse « main de Dieu » que la planète entière avait vu hormis l’arbitre …tunisien. Un célèbre commentateur français s’étonnera du fait que des référés africains officient dans les rencontres de haut niveau. Il s’en excusera devant le flot des critiques. Le message était passé, l’arbitrage africain détenait le monopole des erreurs de jugement.
Les erreurs d’arbitrage font légion. Les suspicions de collision d’intérêts entre les organisateurs de tournois (FIFA, CAF, UEFA) et les pays hôte le sont encore plus.
En 1978, l’Argentine de Mario Kempés étala sa puissance athlétique devant les Pays Bas durant une Coupe du Monde qui se transformera en une opération de com pour le régime dictatorial qui tenait Buenos Aires d’une main de fer. Beaucoup de chroniqueurs sportifs retiendront de l’Albiceste, non pas son jeu, mais le supposé coup de pouce de l’arbitrage.
En 2004, les Aigles de Carthage éliminent les Lions du Senegal au terme d’un match âpre où une violente action non sifflée contre le sénégalais El Haj Diouf allait entraîner le but de la victoire dans la contre-attaque qui s’en suivit. Oui,le football est parfois cruel. A Séville, en 1982, le gardien allemand crucifia un défenseur français d’un geste d’une violence extrême. Il n’écopera même pas d’un avertissement. Le reste est connu, la bande à Hidalgo est sortie du tournois par les cruels dieux du football, rétifs à la candeur.
Un petit détail peut tout changer. La CAN n’ est pas exempt des erreurs d’arbitrage. Cependant, les critiques qu’on entendra d’ici et là sur, on l’a entendu, «le foot de la misère» viennent d’abord de ceux là qui avaient émis des doutes dés le début du tournois, craignant, disaient-ils, que la CAF ne rétribue le pays organisateur pour services rendus. Au vu de ce match polémique où les nerfs ont lâché et le pauvre arbitre a subi l’assaut d’un joueur furieux jusque dans les vestiaires, aucune des deux équipes n’a volé la victoire ou mérité la défaite. Ne retenir de ce match que le coup de sifflet de l’arbitre c’est vendanger la symphonie de toute beauté du décisif Balboa, ce coup de tonnerre libérateur qui illumina le triste ciel de Bata. Ainsi va le foot.