Le conseil présidentiel sur le riz tenu le 2 février au Palais présidentiel en présence des représentants de toute la filière a accouché d’une décision stratégique. En effet le président Macky Sall a engagé l’Etat à assurer l’écoulement de la production nationale via un mécanisme simple: les commerçants, financés par la Banque Nationale pour le Déveleloppement Economique (BNDE), vont acquérir le stock invendu issu de la dernière récolte, soit 8 500 tonnes.
A moins de deux mois du lancement de la prochaine campagne, cette injection d’argent frais vient huiler toute un circuit. En effet, les usines agréées qui écoulent leurs productions pourront à leur tour s’engager sur l’achat des futures récoltes des paysans de la vallée. Se faisant, il y aura une chaîne financière dynamique entre le champ de riz, l’usine et le commerçant. Reste à garantir à ce dernier la possibilité d’écouler sa marchandise. Compte tenu des tendances urbaines de consommation, privilégiant le riz importé, ce n’est pas gagné d’avance.
Sur ce point aussi, le président s’est engagé. Toutes les casernes du Sénégal vont consommer local. Par ailleurs, l’importation du riz sera désormais soumise aux quotas selon une formule usitée déjà au Maroc et en Egypte, deux pays qui importent le blé en fonction des besoins mais seulement après écoulement de la production nationale. Pour accompagner les producteurs, l’Etat réceptionnera 450 tracteurs d’ici la fin du premier semestre. Le fonds de garantie de 3 milliards et le fonds de commercialisation de 5 milliards complètent la recette.
Le Sénégal importe 800 000 tonnes de riz par an et n’en produit que 350 000. C’est dire que les commerçants membres de l’UNACOIS, engagés à acheter le riz local, ont encore de beaux restes.
Importations de riz au Sénégal : les statistiques
Les importations de riz coûtent 200 milliards de F CFA, soit le cinquième environ du budget national (2.800 milliards FCFA, plus de 4,2 milliards d’euros), selon des statistiques officielles.
Les importations sont quasi-exclusivement constituées de brisures de riz ordinaire. Le circuit de mise en marché fait intervenir des importateurs, grossistes-distributeurs, souvent des demi-grossistes et détaillants. Malgré la longueur des circuits, le secteur est relativement concurrentiel et les marges pratiquées restent modérées (moins de 5% à chaque stade.
Au Sénégal, l’offre nationale de riz au Sénégal est d’environ 250 mille tonnes (250 MT) dont 75% proviennent de la Vallée du fleuve Sénégal (VFS). La mise en marché effective de la production locale tourne autour de 50% de cette offre, soit 125 MT. La demande est estimée à près d’1 million de tonnes. Il y a donc un gap de près de 875 MT.
L’offre nationale annuelle de riz commercialisable (substituable aux importations) était nettement en deça de 50 MT/ an au 31 janvier 2014.
Le Conseil interministériel du 12 février 2014 sur l’autosuffisance en riz a conclu ses travaux avec l’ambition d’une production de 900 MT de riz paddy (près de 560 MT de riz blanc), pour la campagne agricole 2014-2015