Aux dernières nouvelles:
-Au moins deux candidats ont eu les promesses de Washington.
-Bercy votera la CEDEAO
-Le Tchad a arraché le soutien de la CEMAC (mais sans le Cameroun)
-Le Bloc de la SADC se fissure.
-L’Afrique du Nord partagée entre le Mali et la Tunisie.
-Le Cap Vert fait beaucoup parler de lui.
-Le quatuor (lire Financial Afrik 18) plus que jamais favori.
Certains pays pèseront peu dans les délibérations du 28 mai 2015 qui verront l’élection du nouveau président de la Banque Africaine de Développement. Ainsi, l’Afrique Centrale ne compte en tout et pour tout que 4,04% des voix. Cette région reste assez homogène au niveau de la répartition des droits de vote. Les trois poids lourds que sont le Gabon, le Cameroun et la RDC présentent des droits de vote de respectivement 1,198%, 1,09% ; et 1,022%.
Quant à l’Afrique de l’Est (Kenya, Tanzanie, Ouganda, Burundi et Rwanda) elle totalise 3,067 % des voix dont la moitié concentrée entre les mains du géant kenyan (1,428%). Les pays de l’IGADD (Djibouti, Erythrée, Ethiopie et Somalie) font office de figurants avec 1,66% des voix presque totalement concentrées entre les mains de l’Ethiopie (1,586%). Proportion identique chez les pays de l’Océan Indien (Comores, Madagascar, Maurice et Seychelles) qui totalisent 1,33% des votes dont la moitié revenant à l’Ile Maurice.
Les choses commencent à devenir sérieuses avec la SADC qui compte 11, 847% des voix promises sauf surprise au candidat de la région, Zondo Sakala. Le zimbabwéen n’est pas vu en odeur de sainteté par les membres non régionaux qui nourrissent des préjugés envers son pays. Il faut dire que le leader de la région, l’Afrique du Sud, a profité de la dernière augmentation de capital pour conforter sa part (4,88% des voix) et siéger au conseil d’administration.
En fait, c’est la région de l’Afrique du Nord qui est faiseur de rois avec 18, 987 % des voix dont 5,396% pour l’Egypte du maréchal Sissi. L’Algérie et la Libye se neutralisent à 4,22 et 4,026% des voix alors que le Maroc compte 3,505% des voix.
A noter que lors du parrainage des candidatures, l’Algérie et l’Egypte, fortes de leurs statuts, se sont abstenues d’un soutien ouvert. Ce dont on est pour le moins sûr c’est qu’il sera difficile de succéder à Donald Kaberuka sans obtenir le feu vert de ces pays de l’Afrique du Nord lesquels, pour des raisons géopolitiques, pourraient ne pas voter dans le même camp.
Là aussi, les experts de la BAD nous appellent à la prudence rappelant qu’en 1996, l’Algérie et le Maroc avaient joint leurs voix pour faire triompher Omar Kabbaj.
Bien que décisive, l’Afrique du Nord ne pèse pas plus lourd que la CEDEAO (Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest) qui totalise presque 20%. A quelques nuances près. Le Nigéria qui est candidat truste à lui seul 9,3% des voix. C’est le premier actionnaire de la BAD devant …les Etats-Unis d’Amériques.
C’est cette prépondérance qui pousse les membres non régionaux à ne pas souhaiter un président nigérian pour d’évidentes raisons de bonne gouvernance et de séparation claire entre le management et l’actionnariat.
Hormis le cas nigérian, la CEDEAO est connue aussi pour être un espace où la fracture linguistique est réelle. Il faut distinguer la CEDEAO francophone qui compte 6,676 des voix dont plus de la moitié allant à la Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara de l’Anglophone dominée par le Nigeria. Avec 3,695 voix, l’éléphant ivoirien s’est abstenu logiquement de se prononcer pour ou contre un candidat, attendant le jour j.
Les nombreuses délégations africaines qui se sont succédées dernièrement à la présidence ivoirienne viennent solliciter un sourire, une poignée de main devant les caméras ou une promesse dite entre quatre yeux, promesse qui ne saurait constituer une assurance multirisque le jour du vote.
En plus de la Côte d’Ivoire, le Sénégal qui compte 1,05% des voix s’avère déterminant sans être toutefois décisif. Chez la CEDEAO Anglophone qui compte 12,043% des voix revenant en grande partie au Nigéria, il y le Ghana qu’il ne faut pas négliger (2,11% des voix).
En tout, l’Afrique compte 59,723% des voix. Compte tenu de la loi des nombres, un candidat devra, pour être élu, remporter la majorité des voix africaines et la majorité des voix globales. L’on peut se faire élire sans forcément remporter la majorité des voix des membres non régionaux.
Au niveau de ce groupe non africain disparate, il faut d’abord distinguer l’Europe qui compte 21,407 voix et le couple franco-allemand comme chef de file. Avec respectivement 4,11 et 3,77% des voix, Paris et Berlin pèseront dans les élections, à condition de regarder dans la même direction et de ne pas reproduire la ligne Maginot à Abidjan. Or, selon nos informations, le cœur de Bercy balance encore influencé par diverses considérations géopolitiques dont l’opération Barkane.
Les pays du Conseil de la Coopération du Golfe (CCG) ont un poids plume (0,77% des voix) dominé par le Koweït (0,44% des voix) qui pourrait induire en erreur nombre d’observateurs. Avec ses 0,203% de votes, l’Arabie Saoudite peut en effet forcer la décision de certains pays du Maghreb, de l’Afrique de l’Ouest, de l’Est voire de l’Océan indien. L’influence et le rayonnement de la maison des Saoud, via ses différents canaux, notamment financiers, peuvent fausser l’arithmétique.
L’Amérique du Sud (Brésil et Argentine) relève du domaine de l’exotique (0,55% des voix), ce qui n’est pas le cas de l’Amérique du Nord. Avec 6,582% et 3,813% des voix, les Etats-Unis et le Canada auront leur mot à dire. Dans le groupe asiatique (7,32% des voix), il faudra compter avec le Japon (5,51%) et la Chine (1,123%). Dans ce groupe des non régionaux, le candidat élu l’a été souvent par les Etats-Unis, le Japon, la France et l’Allemagne. Dans le groupe africain, c’est beaucoup plus compliqué.