Dia El Hadji Ibrahima, envoyé spécial
Marrakech, du 21 au 22 mai 2015
L’Ingénierie, levier du développement durable en Afrique
Plus de 47 pays du monde dont essentiellement 28 pays africains se donnent rendez-vous à Marrakech à l’occasion du symposium «Engineering Symposium for Africa» (ESA) pour échanger et discuter sur l’avenir de la filière Ingénierie dans le continent africain, fer de lance du développement économique durable. A la veille du démarrage de cet événement, Financial Afrik a rencontré Abdelaziz El MELLAH, directeur général de JACOBS Engineering S.A (JESA) pour un aperçu général sur cette firme marocaine de conseil et d’ingénierie et sa vision sur l’Afrique de demain. Entretien.
Financial Afrik (FA) : Parlez-nous de votre société d’ingénierie et de ses champs d’intervention ?
Abdelaziz El Mellah (AE) : JESA est une compagnie marocaine qui a démarré en 2010. C’est une Joint-venture entre deux grands leaders que sont le groupe Office Chérifien des Phosphates (OCP), leader mondial dans le domaine du phosphate et des fertilisants et JACOBS Engineering Inc, leader dans le domaine de l’engineering. Notre ambition est d’être leader mondial en ce qui concerne l’ingénierie des phosphates et dérivés et leader régional en termes d’ingénierie au sens large. Cela passe par la mise en place et le partage d’une ingénierie africaine locale utilisant un savoir-faire de haut niveau et s’appuyant sur des meilleures technologies dans le monde.
JESA dispose d’une expertise de classe mondiale qui lui permet de mener à bien les projets d’ingénierie et ce, grâce à ses 1100 collaborateurs pluridisciplinaires. JESA est en mesure de fournir une parfaite combinaison de qualité et de sécurité pour toutes les phases d’un projet depuis l’analyse du besoin et l’étude de faisabilité jusqu’au management de la construction et l’assistance à la mise en service ou la maintenance. Capitalisant sur son savoir faire, JESA vise à développer son portefeuille de projets au Maroc et dans d’autres pays d’Afrique dans des secteurs clés comme l’infrastructure, le bâtiment, l’industrie et d’autres. A l’échelle international, JESA ambitionne de répondre aux besoins de développement de l’industrie des phosphates et des fertilisants.
FA: Pourquoi ESA 2015 et quels en sont les objectifs?
AE : L’organisation d’ESA s’inscrit parfaitement dans notre vision et illustre notre ADN africain. Vous savez qu’avec un taux de croissance moyen en Afrique de l’ordre de 4% en 2013, le secteur de l’ingénierie offre de belles perspectives à moyen terme. C’est pour cela que l’événement ESA 2015 ambitionne de devenir une référence dans le domaine de l’ingénierie, secteur vital pour accompagner le développement du continent africain.
Pour accompagner cette dynamique et capitaliser sur un savoir-faire unique dans la région, notre premier bureau d’étude marocain et leader mondial dans l’ingénierie des phosphates, organise ce premier symposium que nous plaçons sous le thème «Ingénierie et technologies innovantes pour la croissance et le développement durables en Afrique».
Pour les participants venus de 47 pays dont plus de 27 pays africains, c’est l’occasion d’un partage scientifique et d’échanges sur le business entre les acteurs principaux des métiers de l’ingénierie au Maroc, au Maghreb et en Afrique subsaharienne. ESA offre un programme riche et diversifié permettant à un large public de se rencontrer, d’échanger et de s’ouvrir à de nouvelles opportunités d’affaires. Donc, nous pensons qu’une ingénierie africaine forte et solide opérant dans la parfaite synergie africaine et utilisant les meilleures méthodes et processus, pourra contribuer au développement économique de notre continent.
FA : La coopération sud-sud doit avant tout passe par un transfert de savoir-faire, aujourd’hui qu’est-ce que vous proposez aux pays d’Afrique dans le domaine de l’ingénierie ?
AE : Il faut savoir que nous-mêmes, nous vivons cette coopération-là, dans le sens où nous opérons dans le cadre d’une ingénierie de classe mondiale mais avec l’intention de développer les compétences africaines et de tirer vers vers le haut le niveau d’expertise en Afrique. La coopération devra passer par une implication et valorisation des ressources humaines de chaque pays où nous menons nos chantiers. Nous apportons le savoir-faire, la méthodologie, les processus mais tout cela moyennant un programme d’accompagnement et de formation qui met en avant l’élément humain, c’est comme ça que nous pouvons avancer dans notre continent.
FA : Aujourd’hui, quels sont les projets que vous avez lancé déjà au Maroc ?
AE : Les méga projets que nous avons développé au Maroc touchent le domaine de l’industrie, du bâtiment et des infrastructures. Pour ce qui est de l’industrie, nous avons réalisé un programme ambitieux, qui concerne le secteur des mines, de la logistique et du transport, de l’infrastructure, de l’industrie chimique dans laquelle, il y a des centrales électriques, des unités de production d’engrais et autres. C’est un programme qui, en réalité, regroupe tout un ensemble de projets qui sont eux même des projets de grandes tailles. Dans le domaine du bâtiment et des infrastructures, nous avons construit des logements de grandes capacités et une université de renom. JESA a aussi réaménagé d’importants ports et engagé des travaux de chemins de fer, de routes et d’autoroutes. Cette expérience réussie est transposable à d’autres pays dans le continent à travers nos partenaires africains.
FA : quelle est votre vision économique sur l’Afrique sur les dix prochaines années ?
AE : A l’échelle mondiale, il y a aujourd’hui une prise de conscience générale qui considère que l’Afrique est le continent du futur. Au sein de l’Afrique même, il y a une mise en confiance nouvelle certes qui se justifie par l’énorme potentiel que regorge le continent. Aujourd’hui, les africains sont plus en confiance qu’il y a 20 ans. Grâce à la globalisation et la mondialisation, les pays d’Afrique ont compris qu’ils sont capables de suivre les processus qui gèrent le monde. Nous comptons donc accompagner cette dynamique et capitaliser sur un savoir-faire unique dans la région.