Une fin de régne trouble
Michael Adandé, le président gabonais de la Banque de Développement de l’Afrique Centrale (BDEAC) termine son mandat sur plusieurs échecs avec une chasse aux sorcières en toile de fond.
En 2014, des irrégularités ayant entaché le processus de l’emprunt obligataire de 35 milliards de FCFA ont conduit la Commission de Surveillance du Marché Financier de l’Afrique Centrale (COSUMAF) à annuler l’opération. On apprendra plus tard que les insuffisances de cette opération sont la conséquence du choix d’une société de bourse inapte à satisfaire les exigences de l’autorité de régulation en matière de levée de fonds. Sur cette opération, le président de la BDEAC avait alors fait fi de l’avis des services concernés.
L’emprunt obligataire de 75 milliards de FCFA annoncé par la BDEAC en 2015 ne s’est pas réalisé pour deux raisons principales ; d’une part, aucune mesure corrective pour relancer le précédent emprunt de 35 milliards n’a été prise et d’autre part, son mandat étant terminé, le gabonais Michael Adandé ne pouvait plus engager l’institution pour de tels montants.
On se souvient que les autorités de la CEMAC se sont opposées à son initiative d’engager les travaux de rénovation du siège de la BDEAC pour un montant de plus de 10 milliards de FCFA.
Cette succession d’échecs enregistrée à la fin de son mandat est la conséquence du fait que Michael Adandé refuse de suivre les avis des services techniques pour n’opérer ses choix qu’en comptant sur ses appuis politiques.
De sources proches du marché financier, l’emprunt obligataire de 35 milliards de FCFA aurait pu être relancée si le Président sortant de la BDEAC avait suivi les recommandations de la Direction Financière pour rectifier le tir. A la place, il procède à des affectations et mutations du personnel aux allures de règlement de compte des empêcheurs de tourner en rond. Ceux qui connaissent comment fonctionne la BDEAC le comprendront aisément à la lecture de la décision n°167/P/15 portant affectations et mutations au sein de la banque. Cette décision est signée le 04 Mai 2015, soit deux jours avant la Conférence des Chefs d’Etat de la CEMAC qui devait nommer son remplaçant.
Le nouveau Président de la BDEAC est le tchadien Abbas Mahamat Tolli, précédemment Secrétaire Général de la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale (COBAC) et Ministre des Finances du Tchad. Les partenaires de la BDEAC espèrent que le nouveau président saura remobiliser les équipes pour réussir là où son prédécesseur a échoué.