Par Jean-Mermoz KONANDI, Abidjan
La dernière journée du Forum International sur la Finance en Afrique Subsaharienne (FIFAS 2015) a rassemblé les panélistes autour de la question récurrente de l’appui des Etats africains pour le financement des PME/PMI.
Un enjeu capital pour ces économies alors que selon les statistiques, ces entreprises représentent 80% du tissu économique, environ 50% des nouveaux emplois créés chaque année et 20% du PIB.
De fait, les Etats africains apparaissent pour les petits entrepreneurs beaucoup plus comme des prédateurs et leur potentiel rôle de catalyseur, de facilitateur des activités reste encore un vœu pieux.
De l’avis des acteurs de ce secteur, les taux de prélèvement qui ne sont pas dynamiques, ne tiennent pas compte de l’exigence de compétitivité des petites entreprises et les privent de ressources précieuses pour leur développement alors que c’est Elle qui doivent souvent autofinancer leurs projets d’investissement.
La première piste explorée est celle de la mise en place de banques publiques de développement des PME/PMI. L’exemple édifiant du Maroc qui a permis de développer, par ce biais, une industrie touristique florissante qui absorbe chaque année environ treize millions de visiteurs, là où des pays comme la Côte d’Ivoire n’atteignent pas encore le demi-million, a été unanimement salué. Cela peut se faire notamment à travers des financements octroyés par ces banques pour des investissements avec un apport négocié de l’entrepreneur.
Une expérience dont la BPI France, filiale du groupe public Caisse de dépôts, est le dépositaire en France et qu’elle tente de relayer sur le continent. Vincent di Betta, responsable des Expertises internationale, a présenté une série de mécanismes comme la garantie de prêts, la mise en place d’incubateurs, la formation des chefs d’entreprise ou encore la titrisation des créances des PME envers l’Etat.
En outre, la BPI se charge de payer aux PME la facture de la commande publique, quitte à se faire rembourser par l’Etat après un certain délai.
Pour Franck Adjagba de l’African Guarantee Fund, plusieurs appuis doivent être envisagés. En premier lieu, les Etats devraient accorder des exonérations fiscales aux investisseurs participant aux levées de fonds en bourse au profit des PME dans le cadre d’un compartiment ouvert à cet effet sur le marché financier. Ou encore développer un mécanisme de solidarité encourageant les grandes entreprises à soutenir le développement de PME, mécanisme qui sera porté par des incitations fiscales.
Dans la même lancée, l’initiation d’un Business Act pour inciter les grandes entreprises à réserver des travaux de sous-traitance aux PME a été proposée afin de les aider à acquérir une expertise et une expérience poussées.
Sur la question de l’informel, les échanges ont montré que c’est bien souvent par ignorance et par manque d’interlocuteurs que les PME de ce sous-secteur, qui ont souvent du potentiel et peuvent souvent générer des chiffres d’affaires importants, restent en marge de l’activité économique. Accompagner ces structures (souvent sur des années) induit des coûts et des adaptations trop fastidieuses pour les banques privées. D’où l’insistance de la création de banques publiques de développement qui pourraient s’y consacrée de même que la promotion d’intermédiaires financiers.
Au total, les échanges enrichissants conduits par Jacob Amematekpo, PDG d’Entreprise Patners, ont permis de démontrer que la situation actuelle d’handicape des PME pouvait être inversée afin d’en faire de véritables leviers de la croissance. A condition d’un fort engagement politique pour investir dans un système d’accompagnement des PME aussi bien du secteur formel qu’informel.