Par Jean-Mermoz KONANDI
Alors que de l’avis d’experts de divers horizons, l’économie africaine a irréversiblement amorcé une pente ascendante, le géant suisse de l’agroalimentaire, Nestlé, vient jeter un pavé dans la marre : «Nous pensions que ce serait la prochaine Asie, mais nous avons réalisé que la classe moyenne ici dans la région est très petite et n’est pas vraiment en progression», a déclaré au Financial Times, Cornel Krummenacher, responsable de la zone de l’Afrique équatoriale.
Une position qui laisse perplexe mais pas indifférent, venant de lacplus grosse entreprise agroalimentaire dans le monde (118 milliards de dollars de revenus à travers 8000 marques) .
Mais, pour beaucoup, ce serait plutôt un aveu d’impuissance de la marque qui cacherait mal ses difficultés à s’imposer dans une zone (africaine) considérée jusqu’alors comme un marché captif.
En effet, contrairement aux insinuations de la firme, le continent enregistre une ruée de multinationales en quête de relais de croissance pour contrebalancer l’essoufflement économique et démographique, en cours ou annoncé, des marchés occidentaux. A preuve, le cabinet d’audit et de conseil, Deloitte, dans sa dernière étude, a indiqué que l’Afrique sera la première destination des sociétés européennes du «consumer business » d’ici 2017, dans seulement deux ans.
En outre, la dynamique économique africaine de ces dernières années s’est accompagnée de l’éclosion d’acteurs continentaux. De groupes africains de divers secteurs réussissent à s’imposer face aux multinationales. Une situation qui montre que le continent n’est plus une terre vierge et qu’il faudra bien compter sur une concurrence de plus en plus forte.
Désormais la notoriété internationale ne suffira plus pour espérer avoir «une part du gâteau africain». Avec des taux de croissance attendus entre 4,5% et 5% en 2015 et 2016 (entre 5,5 et 6,7% pour la zone concernée qui couvre l’Afrique centrale et australe) selon le dernier rapport de la Banque africaine de développement (BAD), le continent est appelé à être un vaste champs de compétition.