Par Jean-Mermoz KONANDI, Abidjan
80% des africains n’ont pas de sécurité sociale
La sécurité sociale accessible à tous en Afrique, bientôt une réalité ? C’est du moins une question longuement abordée au cours de la première journée du Symposium de la FANAF (Fédération des sociétés d’assurances de droits nationales africaines, qui regroupe 16 pays) sur la sécurité sociale en Afrique qui se tient du 24 au 26 juin à Abidjan.
Sur le continent, la couverture sociale se résume essentiellement dans la plupart des pays au régime public obligatoire de retraite qui prend en charge les travailleurs des secteurs public et privé. Laissant à la trappe environ 80% des Africains. Les compagnies privées d’assurances-vie, plutôt que de constituer une alternative, ont été un complément au système public de couverture des risques ; de sorte qu’elles ne sont pas encore parvenues à franchir le cap du secteur informel.
Alors que c’est à ce niveau que se situent les enjeux d’une couverture globale de la population. «La sécurité sociale ne doit pas être considérée comme un luxe» a exhorté Alejandro Bonilla Garcia, consultant international, ancien du Bureau International du Travail (BIT).
La question ne devrait pas être abordé sous l’angle des coûts qui pourraient être occasionnés, épouvantail qui affole les sceptiques, mais selon la perspective qu’elle va mieux intégrer des pans entiers de la population à la société de consommation, contribuant ainsi au dynamisme des économies africaines. L’approche est partagée par la Banque mondiale et le BIT qui incitent les Etats africains à en faire des instruments de lutte contre la pauvreté.
En effet, le mécanisme de couverture universelle permettra aux Etats d’effectuer des transferts vers des couches défavorisés qui sont les plus exposés et les plus démunis face aux risques.
Intégrer le secteur informel
Intégrer le secteur informel dans le système de sécurité sociale reste le plus grand défi à relever. Pour les institutions concernées, le principal frein est l’irrégularité et la faiblesse des revenus. Comment collecter dans ces conditions les cotisations qui devraient permettre d’offrir les services connexes ?
L’une des réponses a été de promouvoir le statut de travailleur indépendant, l’artisan ou le commerçant de rue, par exemple, lequel, sensibilisé, s’acquittera de sa propre cotisation. D’où l’impératif de l’inclusion financière et de la bancarisation.
Au Kenya, le succès du mobile money à travers le portail M-Pesa a permis d’intégrer 70% de la population au système financier, ce qui a favorisé le développement des produits de couverture du risque au point d’en faire le deuxième marché africain de l’assurance après l’Afrique du sud.
Il y a encore l’expérience du Rwanda où 90% de la population bénéficie de l’assurance maladie et l’exemple de l’Inde qui est parvenue, par le biais de la microfinance, à enregistrer plus de 100 millions de personnes vulnérables ayant accès à la micro-assurance santé.
Planification
Si les interventions ont montré une réelle volonté des institutions nationale de prévoyance de s’approprier l’idée d’universalisation de la couverture sociale, l’absence de planification de cette ambition à l’échelle des Etats reste une préoccupation. En effet, il a été relevé une absence d’engagement et d’objectifs clairement définis par les gouvernants.
Dans le cas de la Côte d’Ivoire, le programme national de Couverture maladie universelle, qui bénéficiera d’un appui budgétaire public, est présenté comme une réponse viable pour la constitution d’un filet de sécurité, à condition de pouvoir en assurer la durabilité. Une question qui fera l’objet de débats au cours du symposium.