Chute rapide des recettes pétrolières et explosion de la facture d’importation. Tous les ingrédients d’une crise de ciseaux qui n’est pas sans rappeler la grande panne sèche qui avait rattrapé le pays dans les années 80, le forçant à se mettre sous administration provisoire des institutions de Bretton Woods.
Sur la baie d’Alger, la maladie du président Abdelaziz Boutflikha ne fait plus jaser. Immobilisé sur fauteuil roulant, le premier «Moujahid» (résistant) tient bien la baraque. Mais arrivera-t-il à faire face à la chute des cours de pétrole ?
Les revenus pétroliers de l’Algérie ont atteint 18,09 milliards de dollars au premier semestre en recul de 43,7 % par rapport aux six premiers mois de l’année écoulée. La faute à l’affaissement des cours de l’or noir qui ont cédé 50% depuis juin 2014. Depuis cette date, le Brent est passé de 105 à 48 dollars le baril à la fin juillet.
Un scénario plutôt difficile pour l’Algérie, première économie du Maghreb,
qui tire de l’or noir quelque 94% de la valeur de ses exportations et 60% de ses ressources budgétaires.
Conséquences, des signaux macroéconomiques alarmants et une forte pression du monde des affaires qui appelle à l’application de l’article 37 de la constitution algérienne consacrant la liberté d’entreprendre. Le patronat souhaite aussi la restructuration de la politique de solidarité, large système de soutien des prix et de subvention, qui a coûté 60 milliards de dollars, soit 30% du PIB.
En attendant, les exportations globales ont atteint 19,3 milliards de dollars au premier semestre, en chute de 42% par rapport à la même période de 2014. Excédentaire de 3,2 milliards de dollars au premier semestre 2014, la balance commerciale présente aujourd’hui un déficit de 7,8 milliards de dollars. Et selon la Banque d’Algérie, les réserves de changes se sont rétractées à 160 milliards de dollars à fin mars dernier contre 179 milliards en décembre 2014. Et pour ne rien arranger aux choses, la monnaie nationale s’est dépréciée. un dollar américain valait 79,5 DA à la fin juin 2014 contre 99,5 DA fin juin 2015.
L’économie algérienne est sanctionnée pour son addiction quasi exclusive au pétrole. Le Fonds de régulation des recettes (FRR) qui permettait d’amortir les chocs conjoncturels d’une fluctuation baissière a fondu de 29 milliards de dollars sur un an pour s’établir à 44 milliards à la fin 2014.
Selon des études, si le cours du brut se maintient autour des 60 dollars, les avoirs de FRR risquent de baisser de moitié et les réserves de change devraient s’écrouler à 150 milliards de dollars d’ici la fin de l’année. Ce qui semble la perspective la plus probante.
La croissance atone en Occident et son ralentissement en Chine, principal moteur de l’économie mondiale, ajoutée au développement de l’exploitation du gaz/pétrole de schiste qui devrait bientôt faire passer les Etats-Unis du stade d’importateur à celui de producteur d’énergie et à l’arrivée prochaine du pétrole et du gaz iraniens sur le marché international etc., brouillent la carte énergétique mondiale qui ne présente pas, au moins à court terme et c’est peu de le dire, de retour au prix d’avant le dernier semestre 2014.
Fiscalité, dépenses publiques et importation
A défaut de se résigner à une sévère austérité ou de courir le risque d’exposer la monnaie locale, le Gouvernement est obligé de faire des réformes. La rationalisation des dépenses et la chasse aux facteurs de gaspillage des ressources est désormais le leitmotiv de l’administration publique afin de réduire le déficit budgétaire et de grignoter quelques 104 milliards de dinars. Tout comme essayer de grappiller quelques milliards en abandonnant le régime unifié de l’impôt sur le bénéfice, qui va osciller entre 19 et 26% au lieu du taux unique de 23%. Les productions locales bénéficiant d’une exonération à l’inverse des sociétés importatrices de biens de consommation finale.
La loi de finances complémentaire (LFC) adoptée en conseil de ministres le 22 juillet vient renforcer des réformes qui mettent l’accent sur la promotion de la consommation et de la production nationales tout en essayant de maîtriser les importations. Ces dernières, qui ont totalisées 27 milliards de dollars au premier semestre, en baisse de 10% (par rapport à 2014), seront bien difficiles à manœuvrer pour parvenir à soulager la balance commerciale. Alors qu’avec 1,2 millions de barils-jour, le quota OPEP, et une surabondance de l’offre mondiale, l’Algérie ne prévoit pas d’augmenter sa production.
Mais le pays se montre bien combatif, à l’image du président Bouteflika dont la grande forme a fini peu à peu par taire les rumeurs sur son été de santé. N’est pas Moujahid qui veut.
3 commentaires
YOU WISH.:!!!..OUR FAITH IS UNBREACABLE…WE’RE PEOPLE OF MIRACLES..
L’Algérie des années 80 et celle d’aujourd’hui n’a absolument aucune ressemblance sauf pour ceux qui ne veulent pas voir la réalité! L’Algérie était endettée pendant les années 80 alors qu’aujourd’hui c’est elle qui prête de l’argent. Elle a mis en place une politique de développement des infrastructures qui lui manquait dans les années 80: autoroutes, métro, train… Elle est stable contrairement à ces voisins et surtout, elle a du pétrole, du gaz et elle possède 20% des réserves mondiales de « terres rares » c-à-d de métaux aux propriétés électromagnétiques unique et indispensable dans de nombreuses technologie de pointe. L’Algérie a donc bcp de réserves qu’envient les autres pays.
Stable?
y’a des attentats contre l’armé toutes les semaines, des emeutes et tuerie dans le pays.
un turnover des ministres sans précédent, la politique économique et fiscal qui change tout les 6 mois, avec des LFC complémentaires par ci par la.
elle n’est peut être pas endetté, mais risque de le devenir très prochainement.
faut voir la réalité en face. à ce train ca va être pire que dans les années 80