Dakar le 12 août 2015. Photo: Sundeep Waslekar remettant le rapport 2015 «Water coopération quotidien» à Mohamed Salem Béchir, ministre mauritanien du Pétrole, de l’Energie et des Mines, par ailleurs président du conseil des ministres de l’OMVS, sous le regard attentif de Kabiné Komara, Haut Commissaire de l’OMVS et, tout à droite, de Mansour Faye, ministre sénégalais de l’Hydraulique et de l’Assainissement.
Une forte délégation du Moyen Orient composée d’acteurs de l’eau, de journalistes et d’observateurs du Strategic Foresight Group*, think tank basé à Mumbai, a participé, ce 12 août, au lancement du rapport international «Water Coopération Quotient» qui fait le classement des principaux bassins fluviaux du monde.
La cérémonie qui s’est déroulée au siège de l’organisation sous-régionale en présence de Mohamed Salem Bechir, ministre mauritanien du Pétrole, de l’Energie et des Mines, par ailleurs président du conseil des ministres de l’OMVS, de Mansour Faye, ministre sénégalais de l’Hydraulique et de l’assainissement, ainsi que de Sundeep Waslekar, économiste de renommée, président du think tank Strategic Foresight Group, a été l’occasion de réaffirmer la nécessité d’une gestion concertée de l’eau dans une Afrique de l’Ouest où la pression sur les ressources hydriques gagne en intensité.
L’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal qui regroupe le Mali, la Mauritanie, le Sénégal et la Guinée vient d’être consacré meilleur vecteur de consolidation de la paix bleue dans le monde.
«L’histoire des civilisations est indissociable de celle de la gestion et de la maîtrise de l’eau, source de vie, élément de représentation sociale», déclare le ministre mauritanien qui est revenu sur le long chemin parcouru par l’OMVS depuis la statut de cours d’eau international signé en 1972 en passant par des traités sur les ouvrages communs en 1978 et sur leur financement en 1982.
Après le barrage anti-sel de Diama et les barrages hydro-électriques de Felou et de Gouina (en cours), l’organisation, bien assise sur un socle juridique gage de paix et de stabilité, se penche désormais sur la navigabilité du fleuve, pièce essentielle vers la mise en place d’un système de transport multi-modal et d’intégration économique. «Sous un autre registre, nous notons des avancées significatives pour la navigabilité du Fleuve Sénégal, insérée dans un Système de Transport Multimodal, dont le montage financier est en courrs», révèle M. Salem Bechir.
Son homologue, Mansour Faye, ministre sénégalais de l’Hydraulique et de l’assainissement, abondera dans le même sens: «L’OMVS doit d’abord son estime aux pères fondateurs qui ont su bâtir cet organe de coopération sans égal en Afrique et unique au monde, vecteur d’intégration, de développement et de fraternité pour les 4 Etats riverains du fleuve Sénégal. C’est le lieu encore de leur rendre un vibrant hommage».
Rappelons qu’au terme du lancement de ce rapport, l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal est en tête du classement mondial du quotient de la coopération en ressources en eau transfrontalières (Water CooperationQuotient) selon le rapport de Strategic Foresight Group. L’OMVS partage cette position prestigieuse avec CIPR (Commission Internationale pour la Protection du Rhin), l’Organisation du traité de coopération Amazone et la Communauté de développement de l’Afrique australe (CDAA).
Interrogé par Financial Afrik en marge de la cérémonie, le President de Foresight, M. Waslekar, est revenu sur la dizaine de critères qui fondent le classement réalisé par l’organisation qu’il préside et qui vont de l’existence d’une commission à la fréquence des concertations inter-ministérielles, en passant par l’existence de projets techniques, le contrôle commun des débits d’eau, ou encore la forte volonté politique et l’intégration etc.
Autant de paramètres sur lesquels, l’Organisation du fleuve Sénégal présente de bons scores. «L’OMVS est un outil d’intégration et de développement au service de la paix», dira pour sa part le Haut Commissaire de l’organisation, Kabiné Komara, rappelant que cette volonté d’intégration découle des orientations stratégiques des chefs d’Etat et de la constance dans la vision. «Nous devons, a-t-il insisté, remercier tous les Ministres et les anciens Haut Commissaires à savoir Mamadou AW, Cheibany HAIB, Ag HAMANI, Baba Sidi Abdallah, Seudina DIAWARA et Mohamed Salem Ould MERZOUG et tous les cadres qui ont tout mis en œuvre pour nous transmettre le flambeau symbole de coopération, de l’intégration et de la fraternité de nos quatre Peuples».
Le classement obtenu par l’OMVS est une preuve de la pertinence des orientations stratégiques et de la qualité de son bilan en 43 ans d’activité. Le Rapport «Water Cooperation Quotient», élaboré par Strategic Foresight Group en début 2015, s’est basé sur l’étude comparative de 148 pays, 219 bassins fluviaux partagés, et 6 aquifères en vue de déterminer leur degré de coopération autour de l’eau. Sur les 148 pays couverts, 27 pays n’ont pas atteint un degré significatif de coopération avec les pays voisins. Ces 27 pays sont en conséquence confrontés au risque de conflit.
Les résultats de l’étude comparative globale des indicateurs de coopération autour de l’eau susmentionnée, ont démontré que l’OMVS, qui a figuré parmi les Organismes de Bassin ciblés pour cette étude, a reçu un score très élevé. Cette haute performance signifie un faible risque de conflit entre les pays riverains du bassin du Fleuve Sénégal.
A propos
Strategic Foresight Group est un think-tank international basé à Mumbai, qui a travaillé avec ou sur 50 pays de quatre continents. Ses recommandations ont été discutées au sein d’instances telles que les Nations Unies, la Banque mondiale, le Forum économique mondial (Davos), la Chambre des Lords britanniques, la Chambre des Communes, le Parlement européen, le Parlement indien et d’autres forums importants. SFG est à l’origine du concept de Paix Bleue (Blue Peace) visant à convertir les conflits potentiels autour de l’eau en opportunités de coopération pour la paix. Sundeep Waslekar, Président de Strategic Foresight Group, affirme que l’exemple de l’OMVS peut inspirer et aider des pays ayant des bassins fluviaux partagés à atteindre le développement, la coopération et la paix.