L’étrange ni-nisme de la médiation ouest-africaine dans le dossier «Burkina Faso» sonne comme une victoire pour le putschiste Gilbert Diendéré.
Anobli par une franche accolade du président sénégalais, Macky Sall, négociateur en chef de la CEDEAO et, dans la foulée, par une proposition de sortie de crise, qui place putschistes et légalistes sur le même pied d’égalité , le tombeur de la démocratie Burkinabée croyait avoir balayé les derniers obstacles au blanchissement de sa forfaiture.
L’armée exige du RSP le dépôt des armeshttp://t.co/pfreD74vrp#BurkinaFaso #lwili pic.twitter.com/lRwQ0SnUhZ
— BBC News Afrique (@bbcafrique) September 21, 2015
Le sommet extraordinaire (désormais hors de propos?) de la CEDEAO prévu ce mardi à Abuja devait absoudre la soldatesque qui rêvait déjà de salaires, de primes et d’indemnités. Par la même occasion, la CEDEAO foulait au pied l’une des résolutions du parlement intérimaire, lequel avait exclu du processus électoral tous ceux qui avaient encouragé et soutenu l’ancien président, Blaise Compaoré, à tripatouiller la constitution en vue d’un troisième mandat. Quoi de plus normal que d’exclure ceux qui soutiennent un coup d’Etat, militaire ou constitutionnel ?
Dans sa quête de résultat, la CEDEAO avait, semble-t-il, mis en sourdine les principes de la démocratie au nom d’un retour su calme factice, sans fondements constitutionnels et sans garantie. Peu s’en est fallu pour que le retour de Compaoré ne soit annoncè!
C’était sans compter avec le peuple du Faso et sa remuante société civile. Revenu de sa première stupeur, le Burkinabé lambda a su dire non aux putschistes et, au passage, à une proposition de la CEDEAO qui rassemble à une prime d’encouragement pour tous ceux, aujourd’hui ou demain, seraient tentés d’attenter aux fragiles institutions démocratiques de nos pays. Face à la forfaiture, le Burkinabé a dit non. Face à la paix à tout prix, le citoyen du Faso a proposé la paix constitutionnelle car plus sûre.
C’est cette opiniâtreté qui a poussé l’armée régulière à converger vers Ouagadougou. Quelque soit l’issue de la confrontation symbolique ou réelle des 13 000 hommes de la grande muette avec le Régiment de la Sécurité Présidentielle (RSP), une étape a été franchie dans la longue route vers la démocratie.
De ce face à face redouté entre l’armée régulière et le bataillon de Blaise, sortira sans doute la voix de la démocratie fortifiée, rassurée et porteuse des mêmes aspirations que celles qui ont renversé la dictature en octobre 2014. Et si CEDEAO consacrait son sommet à la relecture de ses principes ?