Le Port autonome d’Abidjan renoue avec les investissements structurels pour renforcer sa compétitivité et réussir le pari de devenir le « premier port africain entre Tanger et Durban », tel que voulu par le Directeur général, Hien Sié. La plateforme a réceptionné, ce lundi un môle de 7 ha, repris sur la lagune Ebrié pour un coût de 29 milliards de francs CFA, destiné à redynamiser les activités de son port de pêche.
Premier port industriel thonier d’Afrique
Construit dans les années 60, le port de pêche d’Abidjan est une référence sur le continent. Avec un trafic annuel de plus de 664 mille tonnes (2014), cette aile du port d’Abidjan intègre deux unités de transformation (Scodi et Pêche & Froid) qui usinent plus 250 000 tonnes de thon en conserve, faisant de la Côte d’Ivoire le premier port africain de l’industrie du thon et le second au monde, derrière le Japon.
Les anciennes installations, visiblement vétustes, n’avaient toutefois pas bénéficié d’investissements significatifs depuis plus d’une décennie et occasionnaient, de ce fait, des dépenses d’entretien d’environ 350 millions de francs CFA par an. Autre faiblesse, cet important bassin d’emplois, (6 000 pour les deux seules usines), pâtissait d’un tirant d’eau relativement faible, 6 à 7 mètres, qui détournait des armateurs de la destination ivoirienne.
Espace vital
La construction du môle répond par ailleurs à une donne crucial : « il n’y a plus un seul centimètre carré de disponible sur l’espace portuaire » a confié le ministre ivoirien des Transports Gaoussou Touré. Le port de pêche « qui accueille des industries de chambres froides et des unités industrielles était totalement saturé, empêchant de nouvelles installations créatrices d’emplois et de ressources financières pour l’Etat » a renchéri de son côté le directeur du Port autonome d’Abidjan. Un contexte qui estompait donc toute dynamique de développement des filières de pêche industrielle et activités connexes.
Le môle présente « une jetée en lagune » de 450 m de long et 160 m de large et offre 1060 m de quai pour l’accostage des navires. Sur un peu plus de 7 ha d’extension de terrain ainsi obtenu par remblai hydraulique, 5 ha seront destinés à de nouvelles implantations industrielles ouvrant des perspectives d’emplois dans un secteur à forte intensité de main-d’œuvre. Et avec un tirant d’eau de 8 à 10 mètres, voir 13 mètres par endroits, l’attrait du port s’en trouve relevé pour attirer davantage de bateaux de pêche sur un marché ivoirien qui importe annuellement 360 mille tonnes de poissons pour une valeur de 168 milliards de francs CFA.
Projets
Pour le Premier ministre ivoirien Kablan Duncan qui a présidé la cérémonie, le môle est le premier d’une série de grands travaux destinés à transformer le port d’Abidjan, le poumon économique du pays. Outre le projet de l’élargissement et de l’approfondissement du canal de Vridi, qui va ouvrir les portes du port aux grands navires de dernière génération, Abidjan va bientôt enregistrer la construction d’un second terminal à conteneur pour un coût de 467 milliards de francs. Egalement, 22 milliards sont mobilisés avec l’appui de la BOAD pour financer le remblai de terrains industriels, en attendant l’extension du port sur l’île Boulay, une île voisine.
Construit par un groupement d’entreprises dirigé par Sogea Satom, filiale du groupe français Vinci, les travaux, qui ont généré 1 500 emplois, ont duré une quinzaine de mois.