L’armateur CMA CGM vient d’annoncer la mise en service du Bougainville, le plus grand porte-conteneurs au monde battant pavillon français. Ce nouveau spécimen, d’une capacité de 18 000 conteneurs et d’une longueur de 400 mètres de long, soit 4 terrains de football mis bout à bout, pour 54 mètres de large, confirme une stratégie CMA-CGM portée sur le gigantisme alors que le secteur maritime souffre de surcapacité.
Nageant à contre-courant de la conjoncture, la compagnie franco-libanaise fêtera aussi la livraison de «Christophe Colomb», le plus grand tanker au monde, le 1er janvier 2016. Cette boulimie intervient alors que l’endettement de la CMA-CGM, en dépit d’une augmentation des volumes transportés, fait l’objet de spéculations dans les milieux de la finance ? Quel est le niveau d’endettement réel de la troisième compagnie maritime au monde ? Quid du chiffre d’affaires et du résultat net au terme du premier semestre 2015. La BNP et la Société Générale, chef de file des créanciers, ont-elles la main sur le plan de navigation de la CMA-CGM?
Comment la compagnie du franco-libanais Jacques Saadé dont le port d’attache est La Joliette (Marseille) fera-t-elle avec la baisse du fret maritime ?
C’est dans ce climat d’interrogations que la CMA-CGM, remorquée par Bolloré et China Harbour Engineering Corporation, a atterri sur le terminal à conteneurs du port de Kribi.
L’alliance entre un opérateur portuaire et un transporteur maritime est toujours bénéfique, surtout dans le cas d’un contrat de concession assorti d’objectifs clairs. Mais quand l’un des alliés accuse une forte gîte, le plus urgent ne serait-il pas de procéder à des calculs de stabilité ?