Le Nigéria s’y attendait mais la dureté des chiffres est encore bien difficile à supporter. Entre septembre 2014 et juin 2015, le pays a perdu « plus des deux tiers des revenus tirés de la vente du pétrole ». Avec des « conséquences désastreuses pour la fédération », se désole la compagnie publique pétrolière, la NNPC, dans un communiqué publié le 11 octobre.
En effet, le pays doit composer avec le plongeon des cours de l’or noir qui ont dégringolé de 67% entre septembre 2014 et juillet 2015 alors qu’il en tire 90% de ses revenus à l’export. Des pertes sèches qui ont déjà imposé deux dévaluations (en novembre et février derniers) et avaient amené l’agence Standard and Poor’s à évoquer, dans une note publiée en juillet, une autre « inéluctable » dépréciation du Naira ; ce à quoi s’était alors refusé Godwin Emefiele, le gouverneur de la Banque centrale du Nigeria, arguant d’une reconstitution progressive du stock de devises. Tout compte fait, le pays se trouve bien dans une situation délicate et les Nigérians devront encore se serrer la ceinture vue la tendance actuelle des cours du pétrole.
Mais, signe d’espoir, la lutte acharnée de Muhammadu Buhari contre la corruption devrait mettre un coup d’arrêt à la déperdition de centaines de millions de dollars qui disparaissaient des circuits pétroliers. Autre lueur, la résilience de l’économie nigériane est en construction. Dans son dernier rapport sur les perspectives économiques du continent, la Banque africaine de développement avait relevé une amorce de diversification de l’économie nigériane, une issue de secours portée par un secteur privé locale dynamique qui s’ouvre de plus en plus aux investisseurs étrangers et une population reconnue dans la sous-région pour son esprit d’entreprise.