ENVOYÉ SPÉCIAL/ Une année après sa mise en place, le réseau unique (One area network) entre le Rwanda, le Kenya et l’Ouganda montre tout le pouvoir accélérateur des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) dans l’intégration sous-régionale de l’Afrique de l’Est.
Les trois pays avaient décidé de supprimer les frais de roaming en juin 2014. Les résultats ne se sont pas fait attendre. Ainsi, le nombre nombre d’abonnés a augmenté de 300%, les recettes de 50%. Quant aux tarifs, ils ont baissé de 50% alors que les appels se sont accrus de 800%.
«Tout le monde y est gagnant», lance le président Paul Kagamé qui s’exprimait lors du dernier jour de la conférence Transform Africa 2015 qui a réuni 2500 personnes du 19 au 21 octobre dans la capitale rwandaise. «Transform Africa devient une référence mais c’est ce que nous faisons réellement qui fait la différence», poursuit le président rwandais qui rappelle que ce corridor numérique n’a nécessité aucun investissement additionnel.
Le réseau qui relie les trois pays n’a eu comme investissement que la volonté politique. «Nous construisons une économie basée sur le savoir. Si vous pensez que le problème c’est le manque d’argent, vous n’avancerez pas. Si vous êtes novateur, vous allez trouver de l’argent là où vous ne vous y attendiez pas» poursuit le président Kagamé.
Dans un pays enclavé comme le Rwanda, avec des coûts logistiques élevés pour rallier la mer via les ports de Dar Es Salam et de Mombassa, les TIC ouvrent de nouveaux horizons.
«La dimension des TIC doit être prise en compte dans toutes nos initiatives», ajoute le chef d’Etat rwandais, élevé à la dignité de champion d’Afrique des technologies de l’information par le secrétaire général de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT).
Du Rwanda au Mali
Autant d’arguments qui n’ont pas échappé aux participants de la rencontre et, en particulier, au représentant du Mali, un pays enclavé de plus de 1 million de kilomètres carrés de large, partageant des frontières avec 7 pays. «Les TIC nous permettent, nous africains, de combler notre retard», a déclaré le premier ministre Modibo Keita. «A la suite des conférences Connect Africa et Transform Africa 2013, le Mali a mis en place un ministère du développement numérique. «Nous avons construit 6000 km de fibre optique et sommes maintenant reliés en large bande avec le Burkina Faso, la Mauritanie et le Sénégal».
Poursuivant son intervention, le premier ministre du Mali déclare que 3000 km de fibre optique sont en cours d’installation pour relier les voisins du Nord, à savoir l’Algérie et le Niger. D’ici 2020, le grand pays sahélien espère créer 21 000 emplois supplémentaires dans l’univers du numérique.
Si l’expérience malienne a été applaudie par l’assistance, c’est néanmoins l’intégration sous-régionale entre le Rwanda, le Kenya et l’Ouganda qui a suscité le plus de questions de la part des délégations représentant les gouvernements. Du premier ministre angolais qui pense plaider pour que son pays adhère à l’expérience tripartite sous-régionale, en passant par la ministre sud-soudanaise des TIC, tous ont plaidé pour plus d’intégration numérique dans l’espace numérique africain. L’Afrique, «le continent qui change le plus rapidement», comme a eu à le dire Houlin Zhao, secrétaire général de l’Union Internationale des Télécoms, peut booster sa productivité grâce à l’économie du savoir, à l’Internet et aux télécoms.