L’Inde voudra-t-elle prendre le relais de la Chine en Afrique ? C’est en tout cas l’idée qui domine à l’ouverture ce lundi du troisième sommet Inde-Afrique qui se tient à New Delhi jusqu’au 29 octobre avec une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernements attendue. Un record d’affluence depuis le premier sommet en 2008.
Après des décennies de croissance à deux chiffres, l’essoufflement de l’économie chinoise (7% de croissance attendues cette année) est une contrainte majeure pour les économies du continent, avec l’affaissement de sa demande en matières premières, qui devraient avoir du mal à encaisser le coup selon les analystes. Et l’Inde pourrait donc se positionner comme une alternative surtout que sa stratégique se distingue de celle jugée « invasive » de la Chine, selon certains observateurs.
Seulement, le pays de Gandhi semble bien en retrait. Depuis son accession au pouvoir, l’ultra-libéral Narendra Modi n’a daigné mettre pieds sur le continent, même s’il a eu à faire des déplacements à Maurice et aux Seychelles, à l’inverse de son voisin chinois. Une illustration d’une politique africaine de l’Inde encore timide.
Si les échanges entre l’Afrique et l’Inde sont passé de 3 milliards de dollars en 2000 à 70 milliards en 2014 ( environ trois fois moins que la Chine), les investissements indiens en Afrique plafonnent à 30 milliards de dollars selon le gouvernement, soit un sixième des investissements chinois.
Avec une croissance attendue de 7,5% en 2015 selon les prévision du FMI, l’Inde qui est sur le point de ravir à la Chine le trône de moteur de la croissance mondiale a bien besoin de sécuriser ses approvisionnement en énergies pour réduire sa dépendance au Moyen-Orient – 20% des besoins fournis par le continent, essentiellement le Nigéria – et autres ressources naturelles pour poursuivre son élan. En contrepartie, elle pourrait, dans le sillage de la Chine, revitaliser ses exportations en produits manufacturiers bon marché (l’agro-alimentaire, des machines-outils, des matériels informatiques et des produits pharmaceutiques etc.).
Là où Pékin s’est évertué forger des relations d’Etat à Etat avec à la clef la construction de stades, hôpitaux, autoroutes, chemins de fer au point de concurrencer sur place les entreprises et au détriment de l’emploi local – avec son armée d’ouvriers – avec un endettement public selon des critiques, un partenaire apprécié pour sa voracités pour nos matières brutes, l’Afrique voudrait bien construire un autre modèle édifié sur des rapports entre entrepreneurs, ce qui semble être le cas pour l’Inde.
Le continent a besoin de s’industrialiser et attend surtout un transfert de technologie, avoir accès à des technologies simples et à bas coût notamment, et de savoir-faire. L’expérience et l’expertise du sous-continent indien dans le domaine des TIC par exemple est un immense atout qui fait saliver l’Afrique qui y voit le moyen de rattraper son retard.
La question reste de savoir jusqu’à quel niveau l’Inde compte-t-elle approfondir ses rapports avec l’Afrique et quelle est la cadence qu’elle entend imprimer à ces relations.