Au lendemain de la vague d’attentats terroristes qui a fait 128 morts et 250 blessés à Paris, les interrogations sont nombreuses.
Il est encore tôt pour tirer les conséquences de cet acte barbare dans l’opinion publique française et dans les rapports entre grandes puissances au sujet de la Syrie.
Les réactions de solidarité, il faut le dire, viennent des quatre coins de la planète. Y compris du Qatar, de l’Arabie Saoudite, du Hamas et du Jihad islamique palestinien. Et de la Syrie où Bachar Assad s’est précipité pour annoncer que «la France a vécu en une nuit ce que les syriens vivent depuis cinq ans».
Ces attentats, les plus meurtriers dans l’histoire de la France, conduiront-ils à une nouvelle donne dans la guerre contre Daech qui se fait exclusivement par voie aérienne ? Va-t-on voir une unité internationale autour de la nécessité d’éradiquer l’Etat Islamique? Les Russes et les Américains qui mènent des frappent sur le territoire syrien arriveront-ils enfin à coordonner leurs agendas? François Hollande qui refuse d’envisager une alliance avec le président syrien contre l’Etat Islamique revisera-t-il ses positions ? Les prochaines heures et les prochains jours seront décisifs..
En attendant, l’heure est à l’unité. Le pays se voit, écrit Financial Times, à la croisée des chemins entre le modèle de société ouverte qu’il a toujours incarné et le repli sur soi. Quelle attitude adopter entre l’attitude ferme et lucide de Londres au lendemain des attentats de juillet 2005, le désastreux déni d’Aznar qui refusait d’admettre le caractère islamiste des attentats de Madrid en 2004… ou encore les logiques de la force brute d’un Poutine qui promettait de traquer les islamistes tchétchènes comme des rats et d’un Georges Bush, envahissant l’Irak au lendemain du 11 septembre et mettant l’Amérique dans la fameuse camisole de force du Patriot Act.
Pour l’heure, Paris organise la riposte tactique. Mais d’ores et déjà, il est noté que les prises de position entre les tenants d’un monde binaire et ceux qui estiment que c’est toute l’humanité qui vit sous la menace de l’extrémisme laisse entrevoir un débat idéologique dans les jours à venir.
Les premières salves se font déjà entendre: «Il est indispensable que la France maîtrise ses frontières définitivement» twitte Marine Le Pen. Anti-européenne et anti-Shengen, la leader du Front National, accusée souvent de surfer sur le marketing de la peur, appelle les français à la fermeté: «Il faut déchoir de leur nationalité les terroristes de nationalité française, et les interdire de territoire » , a dit celle qui fait figure de challenger sérieux pour les présidentielles de 2017.
Quant à l’ancien président, Nicolas Sarkozy, chef de file des républicains, il a déclaré que rien ne sera plus jamais comme avant: «Notre pays ne doit pas céder ni reculer. Notre peuple est déterminé à vaincre la barbarie, notre devoir est de prendre en compte l’extrême gravité de la situation. Rien ne peut être comme avant.»
Pour sa part, François Hollande insiste sur l’unité: «C’est un acte de guerre préparé, organisé, planifié de l’extérieur et avec des complicités intérieures que l’enquête établira », affirme le chef de l’Etat. Et d’ajouter: «C’est notre patrie et c’est les valeurs de l’humanité. Je vous appelle à cette unité indispensable.»
En définitive, les auteurs des attentats barbares auront vaincu si la logique de la fermeture l’emporte sur celle de l’ouverture et de La patrie des droits de l’homme dont s’est toujours prévalue la France. La victoire ou la défaite, écrit FT, n’est pas déterminée par le nombre de victimes mais par la réponse de la société.