Les Etats africains subissent chaque année une perte sèche de 14 milliards de dollars de recettes fiscales, souligne Oxfam International dans un rapport accablant sur les inégalités de revenus dans le monde, intitulé « Une économie au service des 1 % ».
L’ONG internationale, qui cite des estimations selon lesquelles « 30% des avoirs financiers africains seraient placés sur des comptes offshore », dans des paradis fiscaux, l’Afrique se voit ainsi privée de ressources précieuses qui suffirait « à couvrir les soins de santé maternelle et infantile qui pourraient sauver 4 millions d’enfants par an (…) et permettrait également d’employer suffisamment d’enseignants pour scolariser tous les enfants africains ».
Au-delà du continent, l’ONG, dont l’étude est publiée à deux jours du Forum de Davos (qui se tient du 20 au 23 janvier), évoque une «une économie mondiale» dont les règles sont biaisées et qui génère des inégalités criardes : 1% des humains possèdent un patrimoine cumulé plus important que le reste de leurs « congénères » et « 62 personnes possèdent autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale ».
«(…) le patrimoine de la moitié la plus pauvre de la population mondiale s’est réduit de mille milliards de dollars depuis 2010 (en baisse de 41 %) (…). Dans le même temps, le patrimoine des 62 premières fortunes mondiales a augmenté de plus de 500 milliards de dollars pour atteindre un total de 1 760 milliards », s’inquiète Oxfam.
Mettre fin aux paradis fiscaux
Le rapport épingle « les paradis fiscaux » comme la cause de l’extrême inégalité de revenus qui contribuent à maintenir une frange importante de la population mondiale dans la pauvreté. Les Etats auraient pu bénéficier chaque année de 190 milliards de dollars d’impôts sur les revenus générés par les 7 600 milliards de dollars de capitaux privés détenus sur des comptes offshore, indique-t-on. Aussi, est-t-il donc urgent de mettre fin aux paradis fiscaux auxquels recourent « de plus en plus d’entreprises et de particuliers » afin « d’éviter de verser leur juste contribution à la société ».
Des pratiques qui ont pour objectif de bonifier leurs revenus mais qui à l’inverse privent « les États de précieuses ressources nécessaires pour lutter contre la pauvreté et les inégalités», et menacent « de faire reculer les progrès accomplis dans la lutte contre la pauvreté au cours de ce dernier quart de siècle », interpelle Winnie Byanyima, directrice générale d’Oxfam International.
« J’exhorte les gouvernements, les entreprises et les élites réunies à Davos à contribuer à mettre fin à l’ère des paradis fiscaux, lesquels alimentent les inégalités économiques et empêchent des centaines de millions de personnes de sortir la pauvreté », insiste-t-elle, ajoutant en outre : « si les dirigeants du monde souhaitent vraiment atteindre l’objectif d’éliminer l’extrême pauvreté d’ici à 2030, qu’ils se sont fixé en septembre dernier, il sera essentiel de permettre aux États de percevoir les impôts qui leur sont dus par les entreprises et les grandes fortunes. »
Pour Oxfam les mesures visant à récupérer ces ressources financières devront s’accompagner d’un engagement, de la part des gouvernements, d’investir dans des programmes sociaux et de garantir une meilleure et équitable rémunération des « travailleuses et travailleurs à tous les échelons ».