Alors qu’au Maroc les produits des placements financiers ont atteint 126 milliards de dirhams (12 milliards d’euros) à la fin 2014 soit 13% du PIB du pays, dans la zone de la Conférence interafricaine des marchés de l’assurance (CIMA, 14 pays) l’on est encore loin du compte.
Les placements des compagnies d’assurance y étaient estimés à 1366 milliards de FCFA en 2012 (2 milliards d’euros) selon les informations partielles recoupées auprès des professionnels. L’étroitesse des opportunités d’investissement, leur nécessaire diversification ainsi que le faible rendement (4,5% nets d’impôts en 2006 pour la zone CIMA) font de la tant décriée délocalisation un mal presque nécessaire.
Les compagnies d’assurance investissent massivement dans les DAT (45% des placements), les obligations (21%) et l’immobilier (11%). Dans un pays comme la Tunisie, les obligations d’Etat représentent 55 %. Au Maroc, les actifs obligataires et les actions cotées absorbent jusqu’à 72% des investissements des compagnies d’assurances.
En marché CIMA, la prépondérance des DAT, produits dont le rendement n’excède pas 5%, est une donnée expliquant la faiblesse des rendements financiers. Divers facteurs expliquent cette atonie. Il y a d’abord l’absence d’un véritable marché financier intégré offrant des produits rentables et diversifiés. Cela même si des avancées sont notées au niveau de la BRVM d’Abidjan. Mais encore, pour profiter des opportunités, faudrait-il que les contraintes de réglementation de change qui limitent l’horizon des sociétés de la zone CEMAC (Communauté des Etats de l’Afrique Centrale) soient levées pour leur permettre d’investir une partie de leurs liquidités en zone UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine) où le marché ffinancier présente plus de possibilités.
Sur le papier, le problème ne se pose pas. Le code des assurances annexé au traité CIMA permet en effet aux compagnies d’Afrique centrale d’investir jusqu’à 50% de leurs primes en Afrique de l’Ouest et vice-versa. Le Traité prenant théoriquement le pas sur les réglementations nationales de change en raison de la hiérarchie des normes. Dans la pratique on a tendance à observer le contraire.
L’autre facteur limitant c’est l’absence d’une culture d’information qui fait que certaines entreprises ignorent tout de certains nouveaux produits de placements et des évolutions fiscales et réglementaires. Pour donner aux acteurs de l’assurance les moyens de profiter pleinement des opportunités du marché mais également d’éviter des placements risqués, le législateur responsabilise le conseil d’administration dans les placements et l’investissement.
Ainsi, le manager est tenu de suivre les prescriptions de ses administrateurs qui peuvent créer des commissions ad hoc et des comités d’investissements au sein du conseil. En responsabilisant les administrateurs et en prévoyant la mise en place d’une charte de déontologie, le code CIMA évite aussi d’éventuels conflits d’intérêt permettant de rendre transparentes, sûres, liquides et rentables les activités de placement des entreprises d’assurance. Dans tous les cas, un bon placement doit à la fois être liquide, diversifié, sûr et rentable. La quadrature du cercle ?