La Banque africaine de développement (BAD) a lancé le premier Indice d’ouverture sur les visas en Afrique, qui montre à quel point l’Afrique demeure largement fermée aux voyageurs africains. En moyenne, les Africains ont besoin d’un visa pour se rendre dans 55 % des autres pays africains, peuvent obtenir un visa à leur arrivée dans seulement 25 % des autres pays et n’ont pas besoin de visa pour se rendre dans à peine 20 % des autres pays du continent.
Les résultats de l’Indice d’ouverture sur les visas, qui a été mis au point en partenariat avec McKinsey & Company et le Conseil de l’agenda mondial sur l’Afrique du Forum économique mondial (FEM), seront présentés et débattus lors de l’Africa CEO Forum qui se tiendra à Abidjan, les 21 et 22 mars 2016.
« La libéralisation du régime des visas d’un pays a des retombées rapides sur le potentiel de développement qui demeure inexploité », indique Moono Mupotola, responsable de la division du NEPAD, de l’intégration régionale et du commerce de la BAD. « La libéralisation des visas favorise la mobilité des talents et les opportunités commerciales. Les dirigeants et les décideurs politiques de l’Afrique ont un rôle clé à jouer pour aider les Africains à se déplacer librement, en appui de l’appel de l’Agenda 2063 visant à supprimer l’obligation de visa pour tous les Africains d’ici à 2018 ».
Le rapport souligne les différences régionales et géographiques. À l’heure actuelle, 75 % des vingt pays du continent les plus ouverts en matière de visas se situent en Afrique de l’Ouest ou en Afrique de l’Est. Dans ce groupe de vingt pays, un seul est en Afrique du Nord, et aucun d’entre eux ne se trouve en Afrique centrale. Le rapport montre également que les pays africains à revenu intermédiaire ont, dans l’ensemble, de mauvais scores en ce qui concerne l’ouverture sur les visas, alors que les États plus petits, enclavés ou insulaires sont plus ouverts.
« Quand nous avons commencé ce travail, seuls cinq pays africains offraient un accès libéral à tous les Africains ; ce nombre est passé à 13 ces trois dernières années. Nous faisons des progrès, mais nous devons accélérer le rythme », a expliqué Acha Leke, directeur de McKinsey & Company et membre du Conseil de l’agenda mondial sur l’Afrique du FEM.
Les pays africains ont intérêt à encourager les blocs régionaux n’exigeant pas de visas et à réclamer davantage de réciprocité, ainsi qu’à mettre en place davantage de politiques de visas à l’arrivée pour les Africains. Au niveau national, les Seychelles se classent au premier rang en Afrique pour sa politique d’ouverture en matière de visas, en offrant un accès sans visa à tous les Africains. L’île Maurice et le Rwanda, qui figurent parmi les dix pays les plus ouverts en matière de visas, ont adopté des politiques de visas ouvertes pour les visiteurs provenant d’autres pays africains, et ont ainsi observé un impact important sur le tourisme, l’investissement et la compétitivité économique.
Des réunions de suivi sur l’encouragement à une plus grande ouverture en matière de visas en Afrique auront lieu pendant le Sommet du FEM sur l’Afrique à Kigali et les Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement à Lusaka.