Etendre significativement la couverture assurantielle du continent est un défi pour les compagnies, mais aussi pour les Etats en quête de financements pour soutenir leurs développements. L’apparition d’une nouvelle classe moyenne est une donne du marché africain qu’il va falloir transformer en opportunités. La FANAF, au cours d’un panel, a évoqué quelques pistes à explorer.
L’émergence d’une classe moyenne africaine en phase avec l’expansion économique du continent présente des perspectives heureuses pour le secteur de l’assurance en particulier. Cette nouvelle cible, mieux éduquée, «occidentalisée», qui prend place dans la société de consommation, est une niche à explorer. Faire toutefois de l’assurance un élément du panier de consommation de cette classe, ou encore créer une classe d’ «assurés émergents», est un défi à relever, d’autant plus que les élites africaines restent à conquérir.
De fait, les assureurs sur le continent ont une réputation, une crédibilité à bâtir. Pour beaucoup, les compagnies sont plus promptes à encaisser les primes, mais le sont moins quand il s’agit de faire face aux sinistres, au point d’inspirer parfois une certaine aversion. Comment convaincre un chirurgien de prendre une assurance relative à son activité quand il peine à percevoir l’indemnité sur son véhicule accidenté, a questionné l’un des panelistes.
Il revient à la profession de garantir le paiement des indemnités dans des «délais raisonnables», et communiquer sur les sinistres indemnisés afin de changer la donne et convaincre l’environnement de la crédibilité des acteurs, a-t-on proposé.
Au-delà, l’utilité des produits d’assurance doit encore être vulgarisée, les africains ayants souvent une mauvaise appréhension des risques. Surtout que les systèmes traditionnels de solidarité, qui constituaient une forme de couverture sociale, ont tendance à disparaître. Cela passera par exemple par l’introduction l’éducation financière et assurantielle dans les systèmes scolaires en Afrique.
A cette approche, il est ajouté la nécessité d’élargir le champ des assurances obligatoires au-delà de l’automobile, pour intégrer l’habitat par exemple, comme dans certains pays européens.
Egalement, le rôle du courtier, qui reste un maillon essentiel de la chaîne et représente, selon certaines estimations, 60% du chiffre d’affaires des compagnies, a été abordé. Ces intermédiaires, formés au métier, seront des points d’information et de relais importants surtout pour les populations éloignées des centres urbains, d’une part. Et d’autre part, ces derniers pourront être d’un appui dans la conception d’offres plus adaptées aux réalités locales.
Au niveau des Etats, une fiscalité incitative devrait rendre les offres plus attrayantes et réduire le coût des services, de quoi contribuer à pénétrer le vaste secteur informel.
Par ailleurs, les compagnies doivent faire preuve d’un peu plus de dynamismes pour défricher de nouveaux champs. Avec 1% de taux de couverture, les assurances sur le continent ont une marge de manœuvre exponentielle, pourrait-on dire. Mais le secteur semble comme frappé d’inertie, se contentant d’un seuil qui assure sa viabilité financière. A la question d’un participant de savoir pourquoi les marchés, où les commerçants entreposent des dizaines, voire des centaines de millions de francs de marchandises, ne sont pas assurés, l’un des conférenciers a répondu : «les risques sont trop importants avec des constructions sur les bouches d’incendie et des branchements électriques anarchiques». Alors que des négociations avec les autorités pourraient bien permettre de faire des aménagements nécessaires afin de mieux «maîtriser les risques».
Reste à convaincre les assurances d’oser un peu plus afin de tirer parti d’une émergence africaine en construction.