L’avènement de la 4e révolution industrielle et l’ubérisation de l’économie, interrogeant les modèles de créations d’emplois classiques et effaçant les frontières du XXe siècle, nous imposent l’exercice de voir le monde avec de nouveaux schémas.
Le 9 février 2016, en marge de la traditionnelle conférence de presse relative au Forum Afrique Développement (les 25 et 26 février prochains), le Président Directeur Général d’Attijariwafa Bank, Mohamed El Kettani, a expliqué les raisons et les objectifs stratégiques de cette rencontre. Nous partageons avec vous son discours qui revient sur les enjeux de l’Afrique à l’orée de la quatrième révolution industrielle.
«…Six ans déjà que la première édition du Forum International Afrique Développement a eu lieu, impulsée par une stratégie intra africaine d’envergure de notre actionnaire de référence, la SNI, et sa volonté de s’engager dans la catalyse de débats et de réflexion sur les sujets concrets qui nous concernent et nous engagent.
Depuis lors, le groupe Attijariwafa bank, conscient de sa responsabilité, n’a eu de cesse de proposer des réponses tangibles aux exigences grandissantes de la communauté des affaires ; Une communauté volontariste dans sa démarche de traduire les enjeux de développement de nos sociétés en opportunités ;
De la même manière les Etats, peu à peu déroulent des feuilles de routes et des visions pragmatiques s’agissant des secteurs prioritaires. Ainsi en a-t-il été, depuis 2012, pour le Sénégal, avec son plan «Sénégal Emergent», la Côte d’Ivoire avec le «Plan National de Développement», ou encore le Gabon avec sa stratégie «Gabon émergent», déclinant avec méthodologie les visions concrètes de développement des secteurs prioritaires.
Du sens et du pragmatisme : ce sont les partis pris de nos initiatives pour ancrer au sein de nos réalités différenciées l’identification des sources de création de valeurs. Et de la valeur, Ô combien notre continent en regorge, mais hélas, valeur loin de concerner l’ensemble de ses habitants. Nous l’avions longuement évoqué lors de notre dernière rencontre. Mais il est bon, dans un contexte international ardu, de rappeler le sens de nos actes, et la vision qui les préside : le progrès solidaire, la croissance inclusive.
Il importe de bien saisir pourquoi nous poursuivons notre effort de pérenniser et institutionnaliser les canaux de dialogue instaurés depuis quelques années, à l’initiative stratégique des chefs d’Etats, à commencer par notre Souverain, Sa Majesté Le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, et sous l’impulsion duquel le secteur privé a pu générer une nouvelle dynamique en matière de Coopération Sud-Sud depuis plus d’une décennie:
L’Afrique demeure attractive pour les investisseurs étrangers. Les prévisions de croissance sont parmi les plus élevées au monde (5%TCAM). Cependant la croissance ne crée pas suffisamment d’emplois et de valeurs partagées dans un territoire où sa richesse fondamentale réside dans sa jeunesse (plus de 200 millions ont entre 15 et 24 ans). Le rythme d’urbanisation et de migration intra-africaine est élevé et le sera davantage. Nous serons deux fois plus nombreux dans trois décennies : plus de deux milliards. Et un Africain sur deux sera urbain dans une quinzaine d’années. Les indices de développement humain atteignent l’insupportable (40% d’entre nous vivent dans une pauvreté sévère). Ces défis : construire les villes nouvelles, accéder à l’électricité (600 millions d’Africains n’y ont pas accès), générer une dynamique d’entrepreneuriat durable, se nourrir décemment, s’imposent dans une ère, qui n’est déjà plus toute nouvelle : l’avènement de la 4e révolution industrielle et l’ubérisation de l’économie ; interrogeant les modèles de créations d’emplois classiques, effaçant les frontières du XXe siècle, et nous imposant l’exercice de voir le monde avec de nouveaux schémas. L’Afrique peut-elle être un terreau de cette 4e révolution industrielle dans ces conditions ? Au rythme de croissance de la téléphonie mobile et des services dématérialisés, la question est légitime.
De nouveaux câbles marins à fibres optiques arrivent, et la couverture 3G grandissante, permettront-ils de réellement défier l’insupportable quand plus de 500 de millions de personnes souffrent de malnutrition ? Certains projettent une création de valeur de 300 milliards de dollars d’ici 2025 par Internet (Rapport McKinsey). Tandis que le World Economic Forum alerte sur la possibilité de destruction de plus de 5 millions d’emplois (Forum de Davos janvier 2016) par ces transformations autant dans les pays développés ou les pays émergents ou en cours d’émergence. Pendant ce temps, bon nombre de pays africains, politiques et secteur privé, consacrent leurs énergies à centrer les investissements sur la construction, l’accès à l’électricité et l’agriculture : soit les besoins fondamentaux d’une vie décente. Les méthodes de pilotage évoluent avec cette dynamique, renouvelant l’approche et ouvrant par exemple les autoroutes de croissance vers l’énergie verte. Les institutions éminemment engagées dans le continent, à l’instar de la Banque Africaine de Développement, de la FAO, et des Nations Unies, déroulent des pactes d’envergure centrés sur l’électrification et l’agriculture. Ainsi devons-nous, acteurs économiques prendre nos responsabilités et tracer ensemble les routes à venir face à ces enjeux monumentaux, lesquels sont autant d’opportunités à traduire. C’est ainsi toute la mesure que le groupe Attijariwafa bank essaye de prendre humblement, présent dans 14 pays du continent au service de 7.6 millions de clients, et de l’intégration économique, ce, par la mise en réseaux de l’ensemble de ses banques et la convergence des expertises de ses 17.000 collaborateurs, notamment via le premier réseau d’agences en Afrique dont il dispose (3400agences). Je dis « humblement », car nous avançons tous ensemble -avec nos clients, nos partenaires, nos interlocuteurs publics, et l’ensemble des forces en présence- en chemin, pour découvrir nos réalités et les gisements d’opportunités, et aussi pour faire progresser nos démarches en analysant les retours d’expériences.
Le bilan des trois dernières éditions du Forum International Afrique Développement que vous connaissez bien maintenant, est assez éloquent. D’édition en édition nous recevions des demandes de participations de plus en plus nombreuses, des demandes d’accompagnement sur le terrain, de mises en relation, de compréhension et d’informations. Plus de participants, plus de pays, plus de dynamiques structurées et des recommandations plus importantes, plus pragmatiques, relatives aux leviers d’accélération de la Coopération Sud-Sud, que nous nous faisons fort de porter au nom de ses participants à travers le Livre Blanc du Forum. Les dynamiques B to B n’ont cessé d’augmenter, elles aussi majoritairement centrées sur les fondamentaux : les BTP, l’énergie, l’agro-industrie et l’agriculture. Enfin, le Marché de l’Investissement, plateforme de visibilité des grands projets structurants et des plans nationaux de développement, a suscité l’an dernier un engouement auquel nous devions répondre avec une meilleure structuration. Je me dois de rappeler un jalon stratégique sur le chemin de cette aventure commune : nous avons établi un partenariat important avec Maroc Export, à qui nous tenons à renouveler nos vifs et chaleureux remerciements, pour son engagement structurant en faveur de la dynamique intra-africaine, ainsi que pour son soutien inconditionnel du Forum International Afrique Développement depuis la précédente édition. Que l’hommage dû vous soit rendu, Mme Maafiri, à vous, présidant à la destinée de cet organisme, et à toutes vos équipes : Merci. Ce n’est donc sans grande surprise que le thème choisi pour la 4e édition du Forum International Afrique Développement est centré sur la base : « Agriculture et Electrification : mobiliser les énergies ». Car en effet, nous nous voulons davantage concrets et pragmatiques. Le premier pilier de croissance durable et inclusive de notre continent repose sur ces fondamentaux de construction. Si nous laissons faire le temps, et demeurons en l’état, notre continent ne serait électrifié que d’ici un demi-siècle au moins (African Progress Panel) avec tous les risques sociétaux et économiques que cela implique. Lors de la 4e édition du Forum, des experts de renom adresseront de manière concrète ces problématiques ainsi que celles liées à l’entrepreneuriat, le pendant naturel de toute création de valeurs durables.
En plus de la dynamique des rencontres d’affaires (B to B), le Marché de l’Investissement mettant à l’honneur 7 pays de notre continent évolue pour mieux structurer la visibilité des banques de projets et la rencontre entre décideurs clés. Enfin, la création du Club Afrique Développement en réponse à la générosité de cette dynamique, portée par les acteurs économiques, précédemment exposée ici même en décembre dernier, représente une nouvelle étape dans la structuration des demandes émanant des participants du Forum et des opérateurs économiques. Un dispositif pour informer tous ceux qui souhaiteraient y adhérer sera à la disposition des participants du Forum International Afrique Développement.»
Source: Conférence de presse 4e édition du Forum International Afrique développement. Intervention M. Mohamed El Kettani, Président Directeur Général du Groupe Attijariwafa bank. Mardi 09 février 2016 Casablanca.