De notre envoyé spécial à Rabat, Dia El Haj Ibrahima
La 31ème réunion du comité intergouvernemental d’experts de l’Afrique du Nord a entamé ces travaux à Rabat ce 1er mars 2016. Experts et officiels débattent de la question du développement durable et de l’impact des économies vertes sur la croissance économique en Afrique et plus particulièrement au Maghreb.
Selon Nassim Oulmane, Directeur intérimaire du bureau de la Commission économique (CEA) pour l’Afrique du Nord, l’année 2015 a été marquée par un déclin de la croissance du PIB mondial, passé de 2.6% en 2014 à 2.4% l’année 2015.
Dans un contexte aussi difficile, et bien que souffrant à la fois du ralentissement de l’économie mondiale et de la baisse des cours des matières premières, l’Afrique a relativement bien résisté, avec un léger infléchissement de la croissance, de 3.9% en 2014 à 3.7% en 2015.
Dans la région Nord-Africaine où la progression moyenne est restée bloquée aux alentours de 2.5% sur la période 2011/2014, la croissance hors Libye a atteint 3.9% en 2015, son niveau d’avant 2011, soit 3.9 en 2010.
A noter qu’en Afrique du Nord, les économies à forte industries extractives ont fortement subi l’impact de la baisse des matières premières (Mauritanie et Algérie), tandis que d’autres souffrent du contexte sécuritaire défavorable, qui a touché les secteurs touristiques à l’instar de la Tunisie ou de l’Egypte, relève M. Oulmane dans son discours introductif à la confèrence.
Au yeux du haut cadre de la CEA, l’urgence pour l’Afrique du Nord va bien au-delà de la conjoncture économique et du contexte politico-sécuritaire. A l’heure où les effets des changements climatiques s’accélèrent, se traduisant notamment par les sécheresses au Maroc ou la montée des eaux de la mer dans les zones agricoles Egyptiennes, il est temps d’expérimenter de nouvelle pistes.
Abandon de la liste négative, un pas important franchi par le Magreb
Selon Oulmane, la présence de Hakima El Haite, envoyée spéciale pour le climat dans le cadre de la COP22 et ministre déléguée auprès du Ministère de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement du royaume du Maroc, qui a lancé l’ouverture officielle de la journée, montre l’intérêt du royaume chérifien pour les questions de la promotion de l’économie verte en Afrique du Nord.
Egalement prèsent à cette confèrence, Habib Ben Yahia, secrétaire général de l’Union du Maghreb Arabe, voit dans cette rencontre représente un exercice de réflexion incontournable sur les questions relatives au développement de l’Afrique du Nord. Le SG de l’UMA a estimé que le thème de la rencontre, «Economie verte, une voie pour l’accélération industrielle en Afrique du Nord» est, bien entendu, un sujet traditionnel, qui reste d’actualité cependant puisque le commerce international, dans un monde globalisé, est indissociable de la politique économique tout court.
Selon le secrétaire général de l’UMA, «qui dit politique commerciale, dit compétitivité, politique industrielle, infrastructures, climat des affaires,etc». M. Ben Yahia tire un bilan positif entre la réunion de l’année dernière et cette année en termes d’évolution du processus d’intégration Maghrébine car aujourd’hui, rappelle-t-il, le groupe d’experts chargés de négocier la liste négative des produits industriels a finalement convenu d’abandonner la liste négative et de soumettre tous les produits industriels avec une origine maghrébine avérée au libre-échange. Aussi, poursuit-il, il ne reste plus que la liste des produits agricoles à négocier entre les Etats du Maghreb. Ben Yahia, ne pouvait finir son discours sans parler du lancement officiel de la Banque Maghrébine pour le Commerce extérieur et l’Investissement depuis le 22 décembre à Tunis. Cette banque dont l’objectif principal est de financer le commerce intra-maghrébin et l’investissement productif imprimera de sa marque l’évolution du commerce régional, déclare Ben Yahia à Financial Afrik. Le projet de la mise en place d’une zone de libre-échange continentale africaine courant 2017 contribuera à l’augmentation du flux commercial entre les différents blocs économiques.