L’arithmétique électorale a imposé sa logique implacable sous les tropiques. Au delà de la victoire de Patrice Talon, 57 ans, acquise au deuxième tour par addition des oppositions, c’est tout le Bénin qui sort victorieux d’une longue campagne qui a vu 33 profils prétendre au fauteuil suprême.
Arrivé aux avants postes, il y a tout juste 10 mois, Lionel Zinsou, dernier premier ministre du prèsident Yayi Boni, a sans doute souffert du soutien affiché de son encombrant mentor.
Le poids des dix ans de l’étrange règne de Dr Bony et de Mister Yayi (comme nous l’écrivions dans Financial Afrik n°26) émaillé, certes de réussite, mais surtout d’incidents et de scandales à profusion, ont considérablement entamé la virginité politique de l’homme de la rue Rivoli.
Habitué au langage policé du monde du Private Equity, l’économiste a dû tronquer le costume contre le boubou et affronter à son corps défendant le chaudron politique béninois. Son discours économique qui trouve un écho favorable dans les classes moyennes est hué par quelques leaders d’opinion qui l’ont traité d’agent de la Françafrique quand ce n’est tout simplement d’«homme blanc».
Ces attaques as hominem n’ont pas entamé le moral de l’ex patron de PAI Partners, resté poli jusqu’au bout, fidèle à ses principes et à ses convictions panafricaines. En reconnaissant sa défaite avant même la proclamation des tendances provisoires, le cofondateur du club Africa France fait preuve d’un grand sens de responsabilité envers son pays et envers l’Afrique, un continent omniprésent dans son discours.
La route est désormais libre pour Patrice Talon, mania du coton et bête noire du président Boni qui l’accusait d’avoir voulu l’empoisonner dans une affaire rocambolesque dont seuls nos marigots politiques ont le secret. Cette alternance pacifique renforce la démocratie béninoise, issue comme on le sait de l’appel de la Baule des années 90 et qui ne cesse depuis, de se fortifier d’année en année.