Après plusieurs mois de mise en garde, le gouvernement ivoirien s’est finalement résolu à retirer les licences des opérateurs mobiles Comium (Koz), GreenN, Warid et Café mobile.
Le régulateur du secteur, l’autorité de régulation des télécommunications mobiles en Côte d’Ivoire (ARTCI) a officiellement donné l’information ce 4 avril à Abidjan.
Le gouvernement ivoirien avait alerté ces dernières années sur les manquements de ces opérateurs quant à leurs cahiers de charges. Outre le déficit d’investissements et d’équipements pour étendre leurs réseaux sur l’ensemble du territoire, ces entreprises brillaient par leurs quasi-absences sur le marché.
80 milliards FCFA de créances publiques
Il en a résulté l’accumulation des créances de ces opérateurs qui ne parvenaient plus à honorer leurs engagements envers aussi bien l’Etat que les autres opérateurs dans le cadre de l’interconnexion (appels inter réseaux).
En ce qui concerne les caisses publiques, Bilé Diéméléou, le directeur général de l’ARTCI a évoqué une ardoise de « plus de 80 milliards de francs CFA » que ces compagnies doivent au Trésor ivoirien.
Insuffisance des «bandes de fréquence»
Arrive ensuite la question du nombre d’opérateurs, sept au total, qui manifestement était un obstacle au développement du secteur. « En Côte d’Ivoire, nous étions lésés par le fait que nous avions sept opérateurs », avait concédé, Bruno Koné, le ministre ivoirien de l’Economie numérique et de la Poste, qui était l’invité de la rédaction du quotidien Fraternité Matin en fin de semaine dernière.
Ce dernier a expliqué la contrainte majeure des « bandes de fréquences », disponibles en quantité « limitée » et dont le « saucissonnage » entre les sept opérateurs était un frein à la qualité de service. « Plus vous avez d’opérateurs, moins vous en donnez à chacun d’eux. Et moins vous leur en donnez, plus vous limitez leurs capacités (…). Les opérateurs n’avaient pas de bandes suffisantes pour les services qu’on leur demande aujourd’hui de fournir », avait-t-il signifié.
« Lorsque, vous commencez, a poursuivi le ministre, à faire le transfert de la data (données), comme la 3G, etc., vous consommez beaucoup plus de bandes. Avec sept opérateurs, ce n’était plus possible », a-t-il poursuivi.
En outre, sur les quatre opérateurs, seuls Comium (Koz) et GreennN, s’évertuait à tenir la concurrence contre les trois leaders du secteur, Orange, MTN et Moov, qui cumulent 96% des abonnés (alors que ces derniers ne disposaient que d’environ 50% des bandes fréquences disponibles selon certaines sources). Café Mobile a cessé d’émettre depuis 2014 et Warid Telecom, lui, n’a pas exercé d’activité depuis son lancement sur le marché ivoirien en 2008.
Echec de la fusion
Il faut dire que Comium (Koz), GreenN, Warid et Café mobile n’avaient pu s’accorder sur l’offre d’une fusion proposée par le gouvernement. En particulier Comium qui avait commencé à redéployer sa force de vente et avait annoncé 500 millions FCFA d’investissement dans le courant de l’année.
Au final, il s’agit plutôt d’un concours heureux de circonstances, pourrait-on dire du point de vue des autorités. « Il se trouve que ces opérateurs nous ont aidés à y parvenir parce que si nous avions sept opérateurs qui étaient à jour de leurs engagements, qui payaient leurs droits, nous aurions eu une réelle difficultés », a reconnu Bruno Koné.
Le gouvernement laisse toutefois ouverte la possibilité d’accorder la licence à un quatrième opérateur. « Nous pouvions nous limiter à trois, mais techniquement, nous pouvons aller jusqu’à quatre », a indiqué le ministre.
Les opérateurs sont interdit d’activités commerciales et leurs abonnés ont jusqu’à la fin du mois d’avril pour épuiser leurs crédits.