La Banque africaine d’import-export a ouvert à Abidjan une conférence sur le financement du commerce intra africain et les systèmes de paiement. L’enjeu pour le continent est de faire du commerce des échanges entre les Etats africains un des leviers de la croissance et du développement du continent.
Avec 54 pays, l’Afrique est le continent avec le plus grand nombre de pays (…), le continent le moins interconnecté en infrastructure (…), en relations bancaires intra régionaux; et surtout, il est le continent qui négocie le moins avec lui-même » a déclaré Benedict Oramah, le président d’Afreximbank, à l’ouverture de la conférence ce lundi. « Vous n’avez donc pas besoin d’être devin pour prédire qu’un continent avec ces caractéristiques ne peut être que positionné dans les échelons les plus bas de l’échelle du développement » a-t-il poursuivi.
La faiblesse des échanges commerciaux entre Etats africains est en effet admise comme un des freins au développement économique du continent. « Le commerce intra-africain se situe actuellement à 12% des échanges globaux du continent, contre 60% pour l’Europe, 40% pour l’Amérique du Nord, et 30% pour l’ASEAN, selon les statistiques citées par l’OMC », a indiqué Fatima Haram Acyl, la commissaire de l’Union africaine pour le Commerce et l’Industrie.
Pourtant, l’Afrique recèle d’opportunités et les perspectives en la matière sont plutôt bonnes. Selon « le cabinet McKinsey, le produit intérieur brut du continent passera de 1 700 milliards de dollars en 2010 à 2 600 milliards de dollars en 2020, poussant les dépenses de consommation de 860 milliards de dollars (2010) à 1 400 milliards en 2020 », a rappelé Fatima Haram. Une manne dont les économies africaines pourrait être biens privées, si elles ne parvenaient à lever les barrières règlementaires et financières qui se dressent entre Etats et entre régions, se sont accordés les intervenants.
D’où la pertinence de la création d’une zone de libre-échange africaine (Continental Free Trade Area, CFTA) envisagée par la Commission de l’Union africaine, avec 2017 comme date de mise en œuvre indicative, a fait savoir Fatima Haram.
« Il est temps d’agir »
Pour Benedict Oramah, « il est temps d’agir » d’autant plus que la dernière décennie a vu émerger une industrie manufacturière à même de répondre à la demande locale. « Nous ne pouvons remettre ce projet à nos risques et périls », a-t-il insisté, l’objectif étant d’ici 5 ans de faire passer « le niveau des échanges à l’intérieur de l’Afrique à 22% du commerce global du continent ».
La conférence entend ainsi explorer et proposer « de nouveaux mécanismes de financement du commerce et des systèmes de paiement innovants dans une région où le déficit de financement reste une contrainte majeure pour le commerce intra et extra africain ».
La conférence, qui prend fin ce 3 mai, veillera notamment à réfléchir sur l’apport des agences de crédit à l’exportation, des banques centrales et commerciales, des institutions de financement du développement, des assureurs et des agences d’intermédiation commerciale pour impulser un nouveau dynamisme aux échanges commerciaux sur le continent. Par ailleurs, les conférenciers se verront présenter de nouveaux produits et systèmes de paiement à même de faciliter et lever les difficultés liées aux transactions financières.