L’économie française connaîtrait-t-elle enfin un retournement de situation ? Le dernier rapport du groupe Coface sur le France semble en tout cas acquiescer. Le groupe spécialisé dans l’assurance-crédit constate en effet que l’économie française a abordé un début d’année, janvier – avril 2016, « riche en signaux positifs », une tendance qui suscite « l’optimisme » et qui devrait se confirmer tout le long de l’année et en 2017.
La consommation des ménages connaît sa plus forte progression depuis 2004, (+1,2%), et, pour la première fois depuis 2012, l’investissement des entreprises devrait contribuer positivement à la croissance cette année, dopé par la baisse des charges (CICE, pacte de responsabilité) et le prix du pétrole bas, affiche Coface. De quoi fonder l’optimisme du groupe qui table sur une « croissance de l’économie française a 1,6% en 2016 et de 1,3% en 2017 ».
Cette embellie générale reste toutefois «pénalisée» par la filière export. «Si au 1er trimestre les importations ont progressé (+0,5%), les exportations ont reculé (-0,2%), en partie sous l’impact du ralentissement de l’activité des pays émergents, notamment, la récession attendue dans certains BRICS », souligne le rapport qui pointe du doigt « plusieurs fragilités structurelles ».
L’on note à cet effet par exemple que la France, avec un « stock d’entreprises sensiblement similaire » à celui de l’Allemagne, dispose néanmoins de trois fois moins d’entreprises exportatrices et apparaît moins compétitive que « l’Espagne et l’Italie qui bénéficient d’un coût unitaire sensiblement plus bas ». En outre, le pays est relativement moins présent sur le « haut de gamme » à l’export avec 41% de ses ventes contre 48% pour son voisin germanique. « A moyen terme, c’est l’investissement des entreprises qui permettra une montée en gamme mais il faudra quelques années pour rattraper le retard », souligne Coface.
Les défaillances et le risque sectoriel entament une normalisation
Autre point positif, le recul du nombre de défaillances d’entreprises à -3,2% selon les prévisions de Coface. A fin avril 2016 sur un an, « le coût total avoisine 3,35 milliards d’euros et baisse de -8,6%, tout comme le nombre des emplois menacés, en baisse de -2,4% ». Si les entreprises de toute taille sont concernées, c’est particulièrement le cas pour les grandes entreprises (-21,5%).
Du côté du risque sectoriel, « cette tendance positive s’avère suffisantepour bénéficier à six secteurs d’activité sur douze suivis par les économistes de Coface » : la distribution intègre la catégorie « risque faible », l’automobile, la pharmacie, la chimie et les transports, la catégorie « risque moyen », tandis que la construction « en reprise » passe de « risque très élevé » à « risque élevé ».
Par contre, le secteur textile-habillement (l’habillement représente 85% des défaillances de ce secteur) est reclassé en « risque élevé » du fait « d’une concurrence exacerbée et de la très forte croissance des ventes sur internet ».
Transport routier de marchandises : un horizon bouché
Les perspectives du transport routier de marchandises, composé en majorité de PME « fragiles » paraissent plus incertaines à moyen terme « du fait de la forte pression concurrentielle des grandes entreprises du secteur ». Et « l’augmentation importante des créations en début d’année laisse présager d’un possible pic de défaillances en 2019 » avance le rapport.
Leur sinistralité dépend toutefois, note Coface, pour beaucoup des prochaines mesures publiques (loi Macron) en termes de salaires et de l’évolution incertaine des prix du pétrole.