En 2015, l’Afrique a figuré parmi les régions les moins attrayantes pour les investissements internationaux, relève le rapport 2016 de la CNUCED sur l’investissement mondial rendu public ce 21 juin. Alors que l’économie mondiale a vu les investissements directs étrangers (IDE) bondir de 38%, à 1 762 milliards de dollars l’année dernière, le continent africain a accusé un recul de 7,2% à 54,08 milliards de dollars. Soit une baisse de de 4 milliards de dollars par rapport à 2014. De sorte que la région ne représente plus que 3,1% des IDE, contre un peu plus de 4% en 2014.
Le rapport avance à titre explicatif la faiblesse des prix des produits de base, la dépréciation de monnaies et les risques géopolitiques qui ont refroidi l’ardeur des investisseurs en direction du continent. A cela s’ajoute la baisse drastique des investissements vers l’Afrique du Sud, l’un des plus grands récepteurs dans la région, (1,77 milliards de dollars d’IDE en 2015, contre 5,771 un an plutôt).
L’Afrique de l’Ouest enregistre une baisse de 18% des IDE à 9,9 milliards de dollars, principalement en raison de l’effondrement des investissements au Nigeria, la plus grande économie du continent. A l’exception de ce dernier et du Ghana, avec chacun plus de 3 milliards de dollars d’un côté, du Libéria, de la Sierra Leone et du Niger de l’autre (entre 0,5 et 0,9 milliard), les autres pays de la zone n’ont réussi à attirer chacun que moins de 500 millions de dollars d’IDE.
En Afrique centrale, le flux d’IDE a certes diminué de 36% à 5,8 milliards de dollars, mais la situation est nettement plus reluisante avec entre 0,5 et 0,9 milliard pour chacun des Etats, à l’exception de la Centrafrique, de la Guinée équatoriale et de Sao Tomé et Principe, logés à la même enseigne que la plupart des Etats ouest africains. A noter tout même le Congo Brazzaville qui a jouit de 1,48 milliard de dollar d’IDE (en baisse de 73% en un an) et la RDC (1,64 milliard)
L’Afrique du Nord a enregistré une hausse de 9% des flux d’IDE (12,64 milliards de dollars), essentiellement attribuable aux investissements en Egypte qui a vu affluer 6,9 milliards de dollars d’IDE (+49%), notamment avec l’expansion des filiales étrangères dans le secteur financier (CIB Bank et Citadel Capital) et des investissements dans les télécoms et le gaz, d’une part et au Maroc d’autre part, qui sert de « base industriel des investisseurs étrangers en Afrique ».
Les autres pays d’Afrique centrale, orientale et australe à l’exception près de pays en crise comme le Soudan du Sud, l’Erythrée, le Zimbabwe, ou encore le Botswana et le Rwanda, enregistrent plus d’un milliard de dollars chacun.
Meilleures performances
Six pays africains ont tout de même réussi à attirer plus de 3 milliards de dollars d’IDE : l’Angola (8,68 milliards) en raison de la hausse des prêts accordés par les multinationales à leurs filiales locales souligne le rapport, l’Egypte, (6,88 milliards de dollars), le Mozambique (3,71 milliards), le Ghana (3,19 milliards), le Maroc (3,16 milliards) et le Nigeria (3,06 milliards).
Les multinationales ont certes été actives, mais le Royaume-Uni, les Etats-Unis et la France, restent les principaux investisseurs sur le continent. A ceux-là, il faut ajouter la Chine (qui a triplé le stock de ses IDE entre 2009 et 2014), l’Afrique du Sud et l’Inde.
6% de croissance des IDE prévu en 2016 en Afrique
Les entrées IDE vers l’Afrique pourraient revenir à une trajectoire de croissance en 2016, augmentant en moyenne de 6%, entre 55 et 60 milliards de dollars, prévoit la CNUCED. L’institution anticipe en effet la poursuite de la libéralisation des économies (baisse des restrictions aux investissements étrangers) et la privatisation d’entreprises publiques qui pourraient renverser la tendance et « augmenter modestement le niveau des IDE en direction du continent ».
« Ce rebond est déjà perceptible avec 29 milliards enregistré au premier trimestre, soit 25% de plus que sur la même période en 2015 ». Et les principaux secteurs ciblés, selon le rapport, seront les services (électricité, gaz et eau, la construction et le transport principalement), suivis par les industries manufacturières (alimentation, boisson) et l’industrie automobile (au Maroc, Afrique du Sud, Nigeria, Kenya, Egypte).