Samedi 9 juillet. Libreville retient son souffle. Il est 11 heures, heure locale. Ali Bongo sort du siège de la Commission Électorale Nationale Autonome et Permanente (CENAP). Le président sortant brandit son récépissé de dépôt de candidature aux présidentielles du 27 août prochain à ses 30 000 partisans venus le soutenir. «Le dossier est là. Il est bien complet. J’avais même des pièces qui n’ont pas été demandées», scande-t-il dans une ambiance électrique. « Est-ce que je ressemble à un étranger? », renchérit celui que le journaliste français Pierre Péan* accuse de mentir sur ses origines.
Ce dépôt ne clôt pas un débat virulent entretenu par une frange de l’opposition sur La nationalité du président accusé sans preuves d’être un biafrais adopté par feu Oumar Bongo. L’article 10 de la constitution du pays interdit aux gabonais ayant acquis la nationalité de briguer le fauteuil présidentiel. A noter un face à face tendu entre les partisans d’Ali Bongo et des membres de l’opposition qui prévoyaient de manifester devant la Cenap. La police a usé de gaz lacrymogène et procédé à l’arrestation de 20 personnes dans les rangs de l’opposition.
Quelque 628 124 électeurs devront voter le 27 août pour un scrutin à un seul tour devant désigner le prochain président. Près d’une vingtaine de candidats se sont déclarés, dont le président Bongo, 57 ans, élu en 2009 après la mort de son père Omar Bongo. Face au président sortant, d’anciens compagnons de son père en général dont Jean Ping, 73 ans, mais aussi l’ancien président de l’Assemblée nationale, Guy Nzouba Ndama, 70 ans, ainsi que l’ancien gouverneur de la Banque des Etats d’Afrique centrale, Casimir Oye Mba, 74 ans.
Notes
Pierre Péan dans « Nouvelles affaires africaines » paru en 2014, avait écrit sans apporter de preuves que Ali Bongo est un natif du Biafra adopté par feu Omar Bongo. Suite à la publication de l’essai, une plainte en diffamation a été déposée en 2015 par Ali Bongo pour « atteinte à la vie privée ». Le dossier a été d’abord classé le 25 août 2015, poussant le chef d’état gabonais à se constituer partie partie civile le14 octobre dernier devant la juge Nathalie Turquey du tribunal de Paris. Vendredi 8 juillet, soit à la veille du dépôt de candidature du président sortant Ali Bongo, la juge en question, rapporte l’hebdomadaire français Marianne, a indiqué à Pierre Péan qu’elle ne le mettait pas en examen et envisageait un non-lieu.