Le fait est connu : « l’Afrique est réellement le continent de l’espoir » comme le rappelait Jean Louis Ekra, l’ex patron d’Afreximbank et administrateur chez Globeleq, dans une interview à Financial Afrik début mai dernier. Mais là où le bât blesse, c’est la sempiternelle question du financement. L’endettement ? Il faut s’en méfier : « la dette est dangereuse lorsqu’elle devient insoutenable » averti Mukhisa Kituyi, Secrétaire général de la CNUCED. Le triste souvenir des douloureux programmes d’ajustement structurels est encore dans les mémoires.
Dans son rapport 2016 sur le développement économique en Afrique publié ce 21 juillet, la CNUCED préconise d’avoir moins recours la dette.
« Il faudra mobiliser au moins 600 milliards de dollars par an pour réaliser les objectifs de développement durable en Afrique, selon le rapport, soit le tiers du revenu national brut des pays africains ». Et, l’aide publique au développement et l’emprunt ne suffiront probablement pas à financer ces besoins. Ce, malgré la hausse du stock de la dette qui a atteint le taux de « 10 % par an entre 2011 et 2013, de sorte que la dette totale a atteint 443 milliards de dollars en 2013, soit 22 % du revenu national brut » du continent.
La diaspora, les PPP et la fuite des capitaux
Un contexte qui, recommande la CNUCED, doit inciter les Etats africains à accorder la priorité à trois sources de financement alternatives : les ressources de la diaspora, les partenariats public-privé, et la lutte contre la fuite des capitaux.
Les envois de fonds « connaissent une croissance rapide » et ont atteint « 63,8 milliards de dollars en 2014 ». Ces ressources en plus de « l’épargne des diasporas peuvent apporter au financement de l’action publique et du développement », soutient le document.
En outre, de concert avec la communauté mondiale, l’Afrique doit aussi s’attaquer aux flux financiers illicites, dont le montant « peut atteindre 50 milliards de dollars par an ». « On estime qu’entre 1970 et 2008, ces flux ont fait perdre environ 854 milliards de dollars au continent africain, chiffre à peu près équivalent au montant de l’aide publique au développement reçue pendant la même période ».
Egalement, alors que « les États doivent être vigilants face aux risques associés à l’emprunt », les « partenariats public-privé commencent à jouer un rôle plus important dans le financement du développement », des infrastructures en particulier. Entre 1990 et 2015, ce sont 235 milliards de dollars qui ont été injectés sur le continent par ce biais, un chiffre qui peut être relevé vu les montants mobilisés dans d’autres régions du monde (942 milliards de dollars en Amérique latine et aux Caraïbes sur la période).
Le rapport propose donc, ces trois principaux outils alors que le contexte international instable, marqué notamment par la crise des matières premières, tend à remettre en cause l’optimisme ambiant qui a animé le continent ces dernières années.