Pour un véritable devoir d’ingérence
Comment ne pas être choqué par cette véritable hécatombe qui se déroule sous nos yeux dans la République du Sud-Soudan nouvellement advenue indépendante après des décennies de luttes contre le Soudan islamique ?
En effet, ce pays n’a jamais connu ni paix, ni trêve dans cette lutte féroce entre chefs de guerre – ici le Président contre son Vice-président au détriment des larges masses soudanaises victimes traumatisées.
Ban-Ki Moon SG de l’ONU sur le départ a sonné le tocsin et menacé d’un embargo sur les armes en direction de ce pays et de futures sanctions contre les fauteurs de troubles.
Le même syndrome guette en République démocratique du Congo, où, voilà que le Président Kabila après avoir épuisé ses deux mandats légaux, menace de forcer les portes pour un « légal » et sans doute « illégitime » troisième mandat.
Son Ministre de la Communication M. Lembé a sorti un communiqué langue de bois où il vitupère « Les donneurs d’ordre impérialistes » (sic !). A ses yeux, comme à ceux de son chef, durer au pouvoir par la force au risque d’une guerre civile qui placera le pays en situation d’instabilité avec son cortège de milliers de victimes civiles n’est rien d’autre que « persévérer dans son être », (Spinoza). Pendant ce temps, l’opposition se met en posture avec le retour au pays de Etienne Tshikédi acceuilli par de milliers de partisans malgré les manœuvres du clan Kabila.
La condamnation de Jean Pierre Mbemba par le Tribunal Pénal International pour « crimes contre l’humanité « devrait pourtant faire bien réfléchir les apprentis sorciers au pouvoir à Kinshasa.
Les exemples sud-soudanais, comme congolais après ceux du passé, comme en Sierra Léone, ou au Libéria, et en Côte-d’Ivoire démontrent que ce sont toujours les élites au pouvoir- ces véritables « entrepreneurs politiques » qui sont à la base de la récurrence des guerres civiles internes au nom, ici, de l’ethnicisme, voire du nationalisme – régionalisme ou plus simplement du pouvoirisme, là-bas.
C’est pourquoi, il faut plaider pour un véritable « devoir – droit d’ingérence humanitaire » au risque de heurter les crispations nationalitaires des uns et des autres.
La décennie de la séquence 90 – 2000 a été presque une décennie perdue pour l’Afrique à cause des affrontements fratricides entre seigneurs de guerre.
En coûts socio-économiques, ces guerres ont coûté et continuent de coûter des centaines de milliards de dollars avec le cortège de destruction d’infrastructures, d’institutions, mais surtout de vies humaines dont le coût est incommensurable.
C’est comme si les leçons des conflits d’hier n’ont pas été toutes tirées par nos élites politico- étatiques. L’on a beau observer que la croissance a repris en Afrique avec son milliard d’habitants au contraire de l’Europe en récession ou de l’Asie où les pays émergents et mêmes les BRICS marquent le pas, tant que l’on n’aura pas fini de régler certains préalables institutionnels comme existentiels, le chemin sera long, très long vers une véritable émergence c’est-à-dire un « développement durable » dont la condition principielle est sans doute la stabilité, dont la maîtrise commande la bonne gouvernance.
Tant que les fruits rapportés des matières premières de base exportées ou des industries minières extractives ne seront pas équitablement répartis, tant que l’on manipulera négativement des catégories subversives comme la religion, le pouvoirisme, l’ethnicité, l’Afrique épuisée, à bout de souffle sera loin de prétendre voir le bout du tunnel.
A quoi sert donc réellement l’Union Africaine serait-on tenté de se demander ? Est-elle vraiment productive c’est-à-dire efficiente dans la résolution – prévention et médiation dans les conflits, dont – il semble qu’on attend qu’ils éclatent pour se présenter en pompiers pyromanes dépourvus de moyens et donc très probablement voués à l’échec.