Le coup d’Etat raté intervenu en Turquie le 15 juillet a coûté 90 milliards d’euros (plus de 6 fois le PIB du Sénégal) au 2 août selon le ministre turc du commerce. Il s’agit d’une estimation comptable qui ne prend pas en compte l’impact négatif sur l’image de cette démocratie musulmane. En dehors des factures de rotation des avions de chasse, des hélicoptères et des tanks, ainsi que la mobilisation des militaires, il y a aussi la peur des investisseurs et les annulations des réservations touristiques. Quelque 1 million de touristes qui projetaient de séjourné sur les bords du Bosphore ont décommandé. De son côté, le gouvernement a annulé 3 millions de congés, bloqué les frontières et arrêté des milliers de cadres parfois sur de simples soupçons. Là aussi, l’impact sera lourd dans les classements des organismes de droits de l’homme. En l’espace d’un mois, le monde semble avoir oublié le putsch attentatoire à la démocratie pour ne retenir désormais que l’arsenal répressif déployé par le régime islamiste modéré pour éradiquer les prétendus sympathisants des putschistes. D’un autre côté, la plupart des bailleurs de fonds ont pris leurs précautions dont la rudesse affecte la monnaie turque, les taux d’intérêts, les primes d’assurances et, d’une manière générale, toute mesure de risque rapporté à ce pays. C’est dans ce climat délétère que les agences de notation (ces moteurs à réaction ) ont convenu de dégrader la signature de la Turquie, ramenée depuis vendredi à BBB- par Fitch. Assortie d’une perspective négative, en raison du coup d’Etat, cette nouvelle note, dernier palier de l’échelle investissement grade, ferait bondir de joie tout Etat africain puisque, en dehors du Maroc, de l’Afrique du Sud et de la Tunisie de Ben Ali, du diamantifère Botswana, peu de pays du continent ont eu à s’en prévaloir. Ceci dit, Le BBB- est la dernière échelle avant la catégorie dite « junk », c’est à dire spéculative où se trouve la plupart des émergents africains dont la Côte d’Ivoire. Pour la Turquie, il s’agit d’une catastrophe. Pour l’agence de notation,il s’agit de l’appréciation du risque politique d’un pays qui procède à l’arrestation des milliers de personnes et à des purges qui affectent l’administration, les grandes compagnies publiques (Turkish Airlines par exemple) et le secteur privé. Quelque 70 000 fonctionnaires ont été révoqués, ce qui est source d’incertitudes. Fitch rejoint ainsi l’avis de Moody’s lequel a dés le 18 juillet placé la note de la Turquie sous revue. L’agence S&P a adopté la même approche. Mais aucune de ces trois big Three ne va jusqu’à remettre en cause la solidité des finances publiques et les équilibres budgétaires de la Turquie.
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