Le débat est féroce au Gabon. Entre ceux qui appellent ouvertement à l’intervention française et ceux qui s’en tiennent à la seule recevabilité des recours prévus par la loi, la distance est abyssale. Verbatim.
« Elle (Cour Constitutionnelle) est présidée par la belle-mère de Bongo. Cette cour est tout sauf impartiale »
John Nambo, directeur de cabinet de Jean Ping, au Journal du dimanche
« La démocratie s’accommode mal de la prise d’assaut d’un Parlement »
Ali Bongo, président réélu
« Nous rappelons que l’élection présidentielle vaudra au Gabon sa crédibilité et sa responsabilité au niveau national et international. En même temps, nous disons que le manque de vérité dans le jeu démocratique et le non-respect des droits de l’homme ont souvent servi de terreau aux crises politiques »
Mgr Basile Mvé Engone, représentant de l’Eglise catholique au Gabon,
« il faut respecter la souveraineté du Gabon. Nous avons aussi des suspicions sur trois provinces. A Bitam, Jean Ping a fait 104 %. Les résultats des bureaux vont être publiés mais si l’on fait un recomptage national, on n’est pas sortis de l’auberge. »
Arnauld Engandji, l’un des porte-parole du chef de l’Etat gabonais
«Les Gabonais doivent obtenir les garanties d’un processus électoral transparent, démocratique et incontestable, qui respecte leur choix souverain»
Alain Juppé (droite française) adversaire de Nicolas Sarkozy aux primaires des Républicains (UMP)
« Quand je vois ce qui se passe au Gabon, je souhaite que les résultats de cette élection soient connus. Le sentiment qu’on a, en écoutant les observateurs sur le terrain, c’est que le président Bongo n’a pas gagné cette élection»
François Fillon, ex-premier ministre français et candidat des primaires des Républicains au micro de France Info de vendredi matin.
« Le monde entier connaît qui est le président de la République: c’est moi, Jean Ping (…)En tant que président élu, je suis naturellement très préoccupé par la situation de notre pays qui évolue vers un chaos généralisé. Aussi j’en appelle à la responsabilité des uns et des autres, afin que le pays retrouve le chemin de l’apaisement »
Jean Ping, arrivé deuxième dans les présidentielles selon le décompte officiel
« La confiance dans les résultats du scrutin, dont l’annonce « a plongé le Gabon dans une crise profonde », « ne peut être restaurée que par une vérification transparente, bureau de vote par bureau de vote ».
Federica Mogherini, chef de la diplomatie européenne (UE).
Le Gabon est une démocratie avec des lois. S’il y a une contestation des résultats, il y a un contentieux qui peut être ouvert auprès de la Cour constitutionnelle. Pour ceux qui veulent le recomptage des voix,
c’est auprès de la Cour que cela peut se faire.
Alain Claude Bilie By Nze, porte-parole de campagne de Ali Bongo Ondimba
« Dans le cadre d’un processus électoral, il n’y a aucune place pour la violence »
Jean-Marc Ayrault, ministre français des Affaires étrangères
« Le peuple gabonais est assez mature, les acteurs politiques actuels sont des personnalités qui ont exercé de hautes fonctions, que ce soit au niveau étatique ou même au niveau continental, donc je me dis que quelque part les Gabonais devraient voir juste ce qui est dans l’intérêt de la Nation, dans l’intérêt du renforcement de la paix et de la démocratie dans le pays, sans forcement se référer à une ancienne puissance coloniale, dont les intérêts peuvent être divergents de ceux du peuple gabonais »
Christopher Fomunyoh, le chef de la délégation du National Democratic Institute.
« Mal réélu. Je suis à l’aise pour le dire, c’est à l’ombre des forces de défense et de sécurité que ces résultats viennent d’être proclamés. Et je ne dirais pas avec la CENAP, puisque le président de la CENAP a été mis en minorité. L’ensemble des membres s’est retiré et le président de la CENAP est resté avec le ministre de l’Intérieur et ils ont proclamé des résultats qui n’appartiennent qu’à eux. Et cela s’est fait, en plus, sous les yeux des membres de la mission d’observation de l’Union européenne ! »
Anaclé Bissiélo, professeur de sociologie à l’Université Omar Bongo, proche de l’opposition. (RFI)
En 2009 nous étions déjà au-delà de 90 %. Et lorsqu’on prend en compte le caractère très tranché en terme identitaire de cette élection, il n’est pas de mon point de vue exagéré de considérer que les gens du Haut-Ogooué, pour un bon nombre d’entre eux, se sont sentis menacés à travers l’idée selon laquelle on va ‘nettoyer les cafards’. Ils se sont sentis les premiers à être visés.
Flavien Enongoué, professeur de philosophie politique à l’Université Omar Bongo, proche de la majorité présidentielle. (RFI)
Un commentaire
se serait injuste pour le peuple gabonais qui s’est massivement mobilisé pour aller voter pacifiquement que ses aspirations soit détourné comme cela a souvent été le cas.cette frustration peut être responsable de toutes les dérives et il faudrait que la communauté des démocrates dans le monde agissent pour que la lumière soit faite sur cette élection et que la paix revient au Gabon.