Par Nephthali Messanh Ledy, Lomé.
Le Tribunal de Lomé a rendu son délibéré mercredi 21 septembre dans l’affaire qui oppose Alberto Olympio à Cauris Management, un des actionnaires d’Axxend Corporation dont il était le PDG avant son entrée en politique au Togo : 5 ans d’emprisonnement ferme, 9 millions d’euros pour préjudices subis et 1.350.000 euros à titre de dommages et intérêts.
C’est un délibéré rendu une fois encore en absence de son conseil rejoint récemment par le célèbre avocat français Léon Lef-Forster. « C’est une décision inique à la suite d’un procès inéquitable et qui s’est déroulé en mon absence et celle de mon client», commente Me Célestin Agbogan qui parle d’une « si lourde peine » malgré qu’il ait « attiré l’attention du tribunal et du bâtonnier de l’ordre des avocats [son contradicteur dans le dossier, ndlr] du fait » de son absence du pays.
Par ailleurs, le Tribunal a confirmé le mandat d’arrêt émis contre le fondateur et ex-PDG d’Axxend depuis le début de l’affaire. Dans une communication rendue publique par son équipe, il indique avoir « pris connaissance ce matin de la décision du tribunal correctionnel de Lomé de confirmer le réquisitoire du procureur (…) ». Avant de rappeler « qu’il ne reconnaît aucun des faits pour lesquels la justice togolaise le condamne ».
Les procédures initiées par Alberto Olympio contre les magistrats en charge du dossier sont maintenues, indique-t-on. Une prochaine sortie des avocats est attendue pour évoquer les suites judiciaires que la défense portera à l’affaire. Signe de nouveaux rebondissements en perspectives.
Difficile conversion
Le bras de fer judiciaire qui oppose M. Olympio à son partenaire d’affaires remonte en mai 2013 lorsque le fonds Cauris Croissance Limited II, géré par Cauris Management, fait son entrée au capital de la jeune société Axxend encore en pleine expansion en Afrique. Soit six mois avant que l’informaticien ne quittasse ses fonctions de PDG pour se convertir en « opposant politique » au Togo avec son « Parti des Togolais », formellement monté en mars 2014.
Ensuite s’en est suivie une cérémonie grandiose d’investiture comptant pour l’élection présidentielle de 2015 à laquelle il s’est désisté, mettant en cause la fiabilité du fichier électoral. Mais à quelques semaines de l’échéance (février 2015), le voilà au centre d’une procédure pénale avec une plainte de Cauris Management dirigé par son compatriote Noël Eklo, jugé proche du pouvoir.
Il lui est reproché, notamment, d’avoir à Lomé et à Abidjan, en sa qualité d’administrateur d’Axxend Corporation Maurice, frauduleusement disposé de 6 milliards de FCFA au mépris des statuts de la société, et d’avoir obtenu d’un organisme de crédit privé (Fonds Cauris Croissance II), un crédit dont l’usage serait autre que celui déclaré.
Aussi l’accuse-t-on d’avoir contrefait et falsifié « un acte privé ou un document bancaire ou de commerce contenant reconnaissance, contre obligation ou décharge, en l’espèce un relevé bancaire avec la circonstance que le faux a été commis par un professionnel dans l’exercice de ses fonctions ».
« Procès politique »
« On s’est rendu compte que c’est un procès politique », avance son conseil. « (…) Le pouvoir se sert de la justice pour rendre des comptes à ses adversaires politiques », conclue-t-il.
Toutefois, rassure le condamné, « la décision judiciaire n’aura aucun impact sur les activités du Parti, ni sur la lutte entamée depuis 2014 pour l’amélioration des conditions de vie des Togolais et pour la libération du Togo ».
Et de conclure dans sa communication : « aucune condamnation, aucune intimidation, aucune pénalité financière quelle que soit son montant, ne pourra stopper l’élan du Parti des Togolais, résolument en marche et programmé pour arriver à destination ».
Nephthali Messanh Ledy