« Vaux mieux avoir des diplômés chômeurs que des chômeurs illettrés »
En marge du lancement du rapport sur l’indice africain de développement social organisé par le bureau Afrique du Nord de la Commission Economique Africaine, Financial Afrik s’est entretenu avec Mohamed Trabelsi, ministre tunisien des Affaires Sociales. La situation du pays reste inquiétante dans un contexte post-révolution marqué par des grèves et des revendications sociales alourdissant le climat social.
Quelle est la place du social dans la politique de développement de la Tunisie?
La Tunisie a réalisé des avancées considérables en matière de développement humain depuis son indépendance. Aujourd’hui, 60% de son budget est alloué aux affaires sociales, entre l’éducation, la santé, les logements et autres. Environ 24% du PIB est affecté aux secteurs sociaux. La révolution de 2011 avait une forte connotation sociale et c’est sur la base des revendications sociales que le pays a changé et vit aujourd’hui sous une démocratie participative.
La plupart des pays en développement sont en proie à un creusement des inégalités qui avait justement conduit au printemps arabe dans la région. Qu’est ce qui a été fait en Tunisie depuis 2011 pour résorber ces disparités?
Comme vous savez très bien l’histoire des peuples ne se mesure pas sur quelques années. Les conséquences des révolutions sont parfois drastiques. Lors de toutes les grandes révolution , il a fallu des dizaines d’années pour retrouver les équilibres socio-économiques et la stabilité. En Tunisie, nous essayons aujourd’hui avec les partenaires sociaux et les hommes politiques à forger des modèles adéquats créant l’équilibre social et l’inclusion des couches sociales longtemps défavorisées. Ce n’est pas uniquement les relations de travail ou les augmentations de salaires que les populations réclament mais, avant tout, l’amélioration de leur qualité de vie et de leur bien être.Cela passe par plusieurs canaux dont, principalement, l’accès à l’éducation, la couverture sociale, et d’autres conditions plus favorables.
La CEA vient de lancer l’indice africain de développement social. En quoi cet outil vous aidera t il dans le pilotage des politique s sociales de votre pays?
La Tunisie est classée selon l’indice de développement humain du programme des Nations Unies pour le développement parmi le groupe de pays à développement humain élevé avec une valeur de l’indice supérieure à la moyenne des Etats arabes et Africains. Elle est également bien située selon l’indice de genre, occupant la 48 ème place sur 155 pays selon le rapport mondial de 2015. L’indice africain de développement social comme les autres indicateurs aidera les décideurs à mieux orienter leur politique de développement social. Il leur permettra d’anticiper et de mettre en place des stratégies adéquates pour renforcer l’équilibre social. Il permettra entre autres de r »guler le baromètre social.
Propos recueillis à Tunis par Dia El Haj Ibrahima