Par Nephthali Messanh Ledy, Lomé
Lomé, la capitale togolaise, accueille du 10 au 15 octobre, le Sommet de l’Union Africaine sur la sureté et la sécurité maritimes et le développement en Afrique. Un rendez-vous de grande envergure dont la réussite tient à cœur aux autorités togolaises. A commencer par Faure Gnassingbé qui ne ménage aucun effort pour ratisser large.
La rencontre devra capitaliser sur les résultats des Sommets de Yaoundé (juin 2013) et des Seychelles (février 2015), dans le but de mettre en place une stratégie africaine de protection des mers et des océans. Ceci, pour garantir la paix, la sécurité et la stabilité, et faire de l’espace maritime africain un levier principal d’un développement économique pérenne; l’économie du continent dépendant à plus de 92 % de la voie maritime.
En effet, « le choix de ce thème pour ce grand rendez-vous n’est pas anodin », indique Faure Gnassingbé. « (…) C’est l’un des défis importants auxquels l’Afrique et le monde entier sont confrontés et qu’ils continueront de subir, si rien n’est fait pour juguler durablement les questions de sécurité et de sûreté de nos mers, nos océans et nos côtes ».
Coté logistique, Lomé a tout (ou presque) mis en place pour la bonne tenue de l’évènement pour lequel un collectif budgétaire de 5,3 milliards de F CFA a été adopté fin 2015 : 66 hôtels retenus pour accueillir les 4.000 participants invités – dont une quarantaine de chefs d’État. Le plus chic, l’hôtel Radisson Blu 2 février, réhabilité et mis en service depuis avril 2016, abritera la rencontre. D’ailleurs, le report à deux reprises de ce sommet est, d’une part, due au retard pris dans les travaux de réhabilitation de cette infrastructure qui jadis, fit la fierté de tout un pays.
Par ailleurs, l’Aéroport de Lomé vient d’inaugurer sa nouvelle aérogare. Une infrastructure de classe internationale qui sera secondée par l’aéroport de Niamtougou (situé dans le nord du pays), où certains appareils seront stationnés après débarquement des passagers à Lomé.
De l’aéroport aux hôtels (sélectionnés en fonctions de la proximité au Radisson Blu hôtel 2 Février, ndlr), la navette sera assurée par près de 500 véhicules spécialement immatriculés pour l’occasion, et dont les images circulent depuis peu sur les réseaux sociaux.
Signalons que la Chine vient de mettre à disposition du Togo, des bus de 24 à 29 places, ordinateurs, imprimantes, photocopieuses, téléviseurs, caméras, climatiseurs, motos, copieurs, ordinateurs de tables ainsi que ceux portables et de bureaux et des machines de fax pour la réussite du sommet.
Mobilisation
Pour le chef de l’Etat, aucun déplacement n’est de trop s’il s’agit de convaincre ses homologues. Ces dernières semaines, annonce-t-il, « les différents entretiens que j’ai eus avec mes pairs, les différentes visites d’Etat en Chine, en Israël, ma présence au Kenya, au Zimbabwe, au Rwanda, m’ont convaincu que la mobilisation sera grande ».
Lomé cherchant, à travers cette manifestation, à revenir sur la scène internationale, à de nouveau s’affirmer comme un acteur régional, ou à défaut, sous-régional, comme dans les années 80, sous Eyadema Gnassingbé, où elle était devenue capitale des grandes rencontres, des négociations et des médiations internationales.
Le Togo tient à confirmer son intérêt et son engagement pour la cause de l’Afrique en accueillant cette Conférence de grande portée pour le continent, indique le président qui, depuis New York où il a signé l’Accord de Paris sur le Climat, continue son lobbying.
« Les Nations unies sont très intéressées par ce sommet », a déclaré vendredi Mohamed Ibn Chambas, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest. « C’est une opportunité pour toute l’Afrique de définir une approche globale pour combattre la piraterie, non seulement dans le Golfe de Guinée mais en Afrique en général ».
Des travaux à une Charte
Plusieurs sujets seront au menu des discussions de Lomé: la piraterie maritime, la protection des ressources, la lutte contre la pêche illicite, la pollution, l’économie bleue, la lutte contre l’érosion côtière, les trafics illicites de tous genres, la protection de l’environnement marin, la mer comme facteur de développement, etc.
Par exemple, précise Faure Gnassingbé, il est estimé que la pêche illicite fait perdre 170 milliards de francs CFA annuellement à l’Afrique de l’Ouest. Cette pêche qui contribue de « façon indispensable à la sécurité alimentaire et nutritionnelle de plus de 200 millions d’Africains et apporte des revenus à plus de 10 millions de pêcheurs mérite une grande attention ».
Coté développement, le sommet sera l’occasion d’aborder la Stratégie africaine intégrée pour les mers et les océans à l’horizon 2050 (Stratégie AIM 2050).
Des sujets dont les travaux devront conduire à l’adoption d’une charte lors de la Conférence extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement, le 15 octobre. Elle permettra à toutes les parties prenantes de décliner concrètement la stratégie 2050 AIM de l’Union africaine, selon Faure Gnassingbé.
Mais c’est sans compter avec le désaccord et l’indifférence, aussi insignifiants soient-ils, de quelques responsables politiques, dont Jean-Pierre Fabre, chef de file de son opposition, qui trouve plutôt en ce sommet, une opération de markéting politique. Et d’appeler à un « grand meeting » le 14 octobre à Lomé, pour demander, une énième fois, la mise en œuvre des réformes constitutionnelles et institutionnelles.