La Bourse de Tokyo a ouvert ce matin en chute de 5,36% sous fond d’interrogations. Situé à l’extrême Est et ayant le privilège du fuseau horaire, le Japon a assisté, hébété, à la victoire du candidat républicain. Wall Street qui a bouclé lundi sa meilleure séance en huit mois suite à l’annonce par le FBI de la clôture de l’enquête sur les emails de Hillary Clinton devrait accuser la gueule de bois à l’ouverture prévue dans quelques heures. En attendant, le S&P500 et le Nasdaq se délestaient de 5% reflétant les conséquences d’une nuit de fête qui s’est transformée en enterrement.
Donné perdant à 80% par les book makers et largement par les instituts de sondage, Donald Trump a été choisi contre toute attente par un peuple américain en guerre contre le politiquement correct. Celui qui promettait de construire un mur avec le Mexique s’est vu ouvrir les portes de la Maison Blanche par cette « working class » à qui il a fait miroiter l’idée de rapatrier leur travail envoyé par delà la mer.
Face à ce populiste conquérant qui envisage de taxer les multinationales américaines qui delocaliseraient à l’étranger et de surtaxer les produits importés, la peur du marché est réel. A Paris, le CAC 40 perdait 2,6 points à l’ouverture (7h 05GMt). Les valeurs considérées comme plus risquées (compartiment actions) sont délaissées au profit de celles dites refuges comme l’or et le yen. La monnaie japonaise s’est appréciée de 3,5% par rapport au dollars, poussant le ministère des Finances à envisager une série d’actions pour éviter une hausse exponentielle au risque, soit dit en passant, de fouler au pied l’accord du G20 contre les dévaluations compétitive.
L’once d’or bondissait de 4% quelques heures après l’appel de Hillary Clinton à Donald Trump. Quant au Peso mexicain, il cédait 13%, soit son plus bas face au billet vert, poussé dans sa chute par les menaces de Trump de mettre fin à l’accord de libre-échange avec le Mexique. La Banque Centrale du Mexique et le ministère des Finances tiennent d’ailleurs une conférence de presse aujourd’hui à 13 heures pour calmer un marché paniqué.
Ces chutes traduisent l’incertitude politique sur les conséquences de cette élection. Le climato-sceptique Donald Trump va-t-il revenir sur l’accord de Paris entré en vigueur le 4 novembre 2016? La ministre française de l’environnement, Ségolène Royal, estime que le nouveau président des USA ne peut pas revenir sur un tel accord, même, ajoute-t-elle, s’il l’a dit pendant sa campagne. En fait, rien n’est moins certain.
Adama Wade