Plus que le Brexit, l’élection inattendue de Trump a été un choc sismique. Les sondeurs politiques n’ont pas vu venir le phénomène des votes cachés des Etats clés, qui ont laminé les espoirs de tous ceux qui souhaitaient voir l’Amérique s’inscrire dans le continuum du symbolisme, en élisant après Barack, une femme. L’Amérique, pays où rien n’est impossible est insaisissable. C’est en cela, que réside son exceptionnalité d’un pays entièrement à part.
En dépit d’une campagne somme toute arrogante, sans confrontation d’idées, où les attaques sexistes et les insultes ont émaillé les débats, l’Amérique légitimiste reconnait la victoire du candidat républicain. Cette élection met en exergue un pays écartelé entre des tendances incompatibles, peut être nécessaires pour intégrer l’idée que le « trumpisme » n’est pas un phénomène ponctuel d’une période de déception collective, mais un mouvement durable qui s’articule autour d’une réalité socio économique.
La victoire de Trump est bien le choix d’une Amérique inclusive repliée sur elle-même, mais résolument contre l’élite, contre l’état inéquitable et contre le sentiment inique d’être considérée comme une variable d’ajustement dans une démocratie qui a démissionné de ses responsabilités régaliennes. Si la diversité et le melting pot ont été déterminants dans la vitalité de ce pays, revenir sur la tradition hospitalière de terre d’accueil, qui a réussi jusqu’ici à le faire prospérer, reviendrait a détricoter les valeurs d’un vivre ensemble harmonieux qui a longtemps caractérisé cette fédération de 52 Etats.
Pour l’heure, le monde attendun autre D Day, le 20 janvier 2017, quand le nouveau commandant en chef prendra fonction. La tache, même si elle est excitante, ne sera pas facile. Le Président Trump devrait prouver que ses promesses ne sont pas une stratégie électorale, faute de quoi, le retour du boomerang sera destructeur. Sa rencontre avec Barack était attendue. Le futur locataire du bureau oval a décliné une personnalité tout a fait présidentiable à rebours du personnage grotesque connu pendant la campagne. En attendant, focus sur le programme économique concocté pour les quatre ans à venir.
Face à l’adversité du congrès, Obama a eu toutes les peines du monde à mener sa politique. Fort heureusement, ce ne sera pas le cas de Trump, dans la mesure où pour la première fois, depuis 2006, les républicains disposeront de tous les leviers. En plus de la maison blanche, le congrès et le sénat devraient appuyer certaines de ses mesures politiques et économiques. Comment va-t-il y arriver ?
D’abord, les impôts. La fiscalité a été l’un des thèmes phares de la campagne. Sur ce point, Donald Trump, vise une réduction d’impôt de 4400 milliards de dollars sur 10 ans. Cela représente 6 % du total des recettes fiscales par an. Tous les Américains bénéficieront de la baisse. Le nombre de tranches d’imposition sera ramené de sept à trois : 12 % , 25 %, 33 %. Les plus fortunés verront diminuer leurs impôts de 39,6 % à 33 %, plus, la suppression de l’impôt sur les successions.
Les entreprises bénéficieront d’un taux d’imposition sur les bénéfices de 15 à 35% et cela vaut, pour toutes les sociétés. Trump estime que sa politique budgétaire sera neutre grâce à 1800 milliards de recettes supplémentaires issues du surcoût de croissance entraîné par les baisses d’impôts.
Les points d’entente entre le congrès et le prochain président prévoyaient en priorité l’abrogation de L’Obamacare. Cette ette réforme a été adoptée en 2010 par le congrès alors démocrate, ce qui a permis à 22 millions d’américains de gagner une couverture maladie. La couverture, qui sera maintenue au grand bonheur de ses bénéficiaires, passera à la moulinette pour opérer certains amendements.
Ensuite, le renforcement des contrôles sur l’immigration et la sécurisation des frontières. Les républicains, semble-t-il, ont un arsenal législatif déjà prêt à l’emploi. Concernant la régularisation des millions de sans-papiers, le nouveau président a promis d’expulser immédiatement des millions de clandestins et d’annuler les décrets Obama ayant accordé des papiers temporaires à des centaines de milliers de sans-papiers. Il faut noter qu’une vaste déréglementation notamment énergétique et la baisse massive d’impôts font l’unanimité dans le camp conservateur.
Pour cela, Trump veut qu’elle soit la plus importante, depuis Reagan notamment, en ce qui concerne l’impôt fédéral sur les sociétés. Par ailleurs, le président a promis aux conservateurs de nommer un juge issu de leurs rangs, à la cour suprême, pour le siège vacant depuis février. Enfin, il souhaiterait avec les démocrates, mener les grands travaux de réfection des ponts, des autoroutes et aéroports vieillissants des États-Unis, qu’il considère comme des infrastructures dignes du tiers-monde.
Quant au volet commercial, Le nouvel homme fort envisagerait de rompre les liens avec L’OMC et d’instaurer une hausse des tarifs douaniers sur les produits importés de Chine et du Mexique de 35% et 45%. Cela est faisable dans l’immédiat dès lors que ses prérogatives le lui permettent sans l’accord du congrès. En revanche, les mesures économiques, si elles devaient être appliquées conformément au plan du nouveau président, souffriraient d’une dichotomie, qui plus est, pourrait obérer l’équilibre des comptes de l’état fédéral.
Toutefois, il est important de souligner qu’il existe des différends entre le nouveau président et les républicains. Une particularité américaine est que le congrès ne soit pas un mouton de Panurge. Ces probables désaccords portent sur la construction de murs à la frontière mexicaine. Sur le plan de la politique étrangère et notamment du rôle de l’OTAN face à la Russie, un bras-de-fer entre le président et une partie des conservateurs qui considèrent Moscou, comme un ennemi, est à prévoir. D’ici là, attendons pour voir de quoi demain sera fait avec la méthode Trump.
COULIBALY SIDY