« LafargeHolcim prêt à accompagner l’Etat de Côte d’Ivoire pour la construction de routes en béton »
Acteur historique du marché ivoirien avec le ciment Bélier, LafargeHolcim Côte d’Ivoire, à l’instar des autres membres de l’APCCI (l’association des producteurs de ciment de Côte d’Ivoire), encourage la construction de routes en béton : une solution inédite qui a fait ses preuves ! Ces infrastructures dont la durée de vie est deux fois supérieure à celle du bitume, sont en outre plus compétitives en terme de coût. L’enjeu, ici, est de capter une part des 4 000 milliards FCFA d’investissement que le gouvernement envisage injecter dans les routes ivoiriennes d’ici 2020.
Dans cet entretien réalisé en marge du Salon des Infrastructures d’Abidjan, qui a refermé ses porte ce 25 novembre, Xavier Saint-Martin-Tillet, directeur général de LafargeHolcim Côte d’Ivoire, donne les raisons de cette démarche.
LafargeHolcim se distingue sur le marché ivoirien par une variété de produits proposés selon l’application souhaitée …
Nous avons effectivement différentes solutions en fonction de ce que vous voulez construire. C’est pour cela que nous avons toute une gamme de produits qui sert à différentes applications, de la construction de façades jusqu’à la construction des fondations dans les milieux agressifs ou encore la construction de routes en béton, une innovation que nous voulons introduire en Côte d’Ivoire.
Sur la question de la route en béton, c’est une technique dont l’entreprise veut faire la promotion en Côte d’Ivoire. Quelles sont les caractéristiques de cette infrastructure ?
Dans le cadre du salon des infrastructures d’Abidjan, nous avons organisé une conférence avec l’APCCI (l’association des producteurs de ciment de Côte d’Ivoire, ndlr) sur la construction routes en béton. C’est très intéressant de montrer que grâce au ciment, on peut construire des routes qui présentent de meilleurs caractéristiques de coût, de durabilité, de meilleures caractéristiques environnementales et également en terme de sécurité des usagers. Sur ce dernier point, l’on a mesuré que les distances de freinage sur les routes en béton sont meilleures que sur des routes en bitumes.
LafargeHolcim dispose de différents types de ciments, de solutions, pour tout types d’application en matière de construction de routes notamment. Nous disposons pour ce faire ici, en Côte d’Ivoire, d’un « Laboratoire d’assistance ciment » afin de proposer à nos clients, selon qu’ils veulent faire une route, un pont, du béton avec tel ou tel type de contraintes ou une jetée pour un port, le ciment adapté avec la bonne formulation pour qu’ils réussissent leurs ouvrages et aussi pour optimiser leurs coûts.
N’y aurait-t-il pas à craindre avec cette nouvelle utilisation une flambée des prix du ciment sur le marché ?
Il n’y a pas de raison que l’option de construire des routes en béton impacte le prix du ciment. Ce qu’il faut, c’est de savoir s’organiser industriellement autour de ce besoin. Et le moment venu, les professionnels mettront en place les capacités nécessaires pour accompagner cette évolution. D’ailleurs, cela me permet de dire que LafargeHolcim va doubler sa capacité de production en 2017, avec une offre au-delà de 2 millions de tonnes.
LafargeHolcim a également présenté le béton Hydromedia qui serait une solution adaptée contre le ruissellement des eaux qui fragilise les routes en Afrique notamment.
Nous avons effectivement le béton hydromedia qui est un béton poreux à l’eau en plus de présenter les mêmes caractéristiques d’esthétique, de durabilité etc. Ainsi, lorsque vous avez une chaussée où il a beaucoup plu, celle-ci sèche très rapidement parce qu’elle est conçue de façon à permettre à ce que l’eau s’y infiltre pour faciliter son écoulement sans pour autant affecter sa résistance. Ce qui est un atout en terme de sécurité et de confort des usagers.
La question récurrente en Côte d’Ivoire est celle de la durée de vie des routes qui se dégradent assez rapidement …
Une route en bitume dure en moyenne dans le temps 15 ans, alors qu’une route en béton dure en général 30 ans. Nous avons l’exemple au Ghana, de la route en béton qui relie l’aéroport à Accra. Cette route a plus de 40 ans, elle n’a pas encore été rénovée et elle est en très bon état.
On a donc en moyenne le double de la durée de vie du bitume. Dans le cas de la Côte d’Ivoire, l’on a pu effectivement constater que les routes se dégradent assez rapidement et c’est vrai que les routes en béton peuvent bien être une bonne solution.
Il y a aussi la question du coût d’une route en béton …?
On sait faire des routes en béton à meilleur prix par rapport aux routes en bitume. Et dans tous les cas, l’on sait qu’on aura des durées de vie double. C’est donc une solution que l’on cherche à promouvoir parce qu’on pense qu’elle sera un plus pour un réseau routier économique et durable pour la Côte d’Ivoire.
Un pays comme les États-Unis a 60% de ses routes qui sont en béton, il en est quasiment de même en Allemagne. Ce sont des pays où il y a une vision de long terme du réseau. Ils ont donc adopté cette technique qui est devenue leur référence. L’on trouve également des routes en béton dans les pays en développement comme au Ghana, au Kenya, en Afrique du Sud, en Chine, en Inde, des pays qui sont en phase de construction de leurs infrastructures.
Les structures de coûts sont assez équivalentes. Les travaux peuvent se faire de manière totalement automatisée ou de façon rustique selon les investissements que les Etats veulent faire mais toujours avec la même qualité et la même robustesse.
Le réseau routier ivoirien n’a pas de routes en béton et Lafarge Holcim cherche à promouvoir cette solution auprès des autorités à un moment où la Côte d’Ivoire prépare un certain nombre de chantiers routiers importants. Nous pensons qu’il faut que ces investissements soient efficaces et aient une durabilité plus importante que ce qu’on a l’habitude de voir. Pour vous citer un exemple, il y a la route de la côtière qui relie Abidjan à San Pedro, une route techniquement complexe et qu’on gagnerait à faire en béton. Surtout qu’on voit que la solution qui a été mise en place n’a pas vraiment offert la pérennité qui était attendue.
Comment réagissent les autorités face à ce qui serait une nouveauté dans le paysage routier ivoirien ?
Comme toute nouveauté, il faut parvenir à convaincre. Nous avons la chance d’avoir des expériences réussies dans 60 pays où les résultats sont palpables. Nous pensons que la Côte d’Ivoire a tout intérêt à s’engager dans cette nouvelle voie et LafargeHolcim est disposé à accompagner les constructeurs routiers du pays. Nous avons une expérience que nous voulons partager avec les routiers dans le pays. Il a appartient à l’État de s’orienter dans cette voie. Pour chaque route, l’État aura à choisir en fonction du sous sol, du matériau disponible et en fonction du trafic envisagé et de la pérennité.
Ces routes peuvent-elles être rénovées ?
Les routes en béton ont ceci d’avantageux que lorsque vous les rénovez, vous pouvez réutiliser le béton existant, selon son état, comme sous couche et appliquer une nouvelle couche de béton. Ce qui revient nettement moins cher dans ces conditions.
La construction de ces routes ne sera-t-elle pas plus complexe ? Les entreprises locales de travaux publics auront-elles besoin d’adaptation en terme de ressources humaines et d’équipements ?
Pour la mise en œuvre, nous avons un savoir faire important qu’on a cumulé et dont peuvent bénéficier les entreprises de travaux publics locales. C’est plus la notion de nouveauté que de complexité qu’il faut regarder. Il y a un savoir-faire que les entreprises locales peuvent acquérir et nous sommes disposés à les accompagner pour être sûr que ces dernières soient en mesure de réaliser les chantiers dans de bonnes conditions et obtenir un rendu de qualité.
En terme d’équipement, il y a les solutions de « ticket d’entrée » relativement faibles pour développer cette expérience et après, au fur et à mesure, les entreprises pourront chercher progressivement à automatiser leurs chantiers. Il y a une route en béton compacte qui a été construite assez récemment à Madagascar et nous pensons que la Côte d’Ivoire a plus d’enjeux et plus de moyens pour le faire. La chance de LafargeHolcim c’est d’avoir une expérience dans tout un tas de pays et de pouvoir la partager avec les États et les clients avec qui on travaille.