Abdalla Hamdok, Secrétaire exécutif par intérim de la CEA, appelle à de nouvelles approches de politiques pour encourager la production agricole dans les activités et les secteurs à fort rendement afin que l’Afrique puisse tirer profit de l’industrialisation des produits et de l’agroalimentation.
« Notre volonté de transformation structurelle ne se réalisera pas sans des institutions fortes et inclusives avec des plans de développement bien coordonnés et soutenues par des mécanismes de politique industrielle novateurs et souples », souligne M. Hamdok dans son discours lors de l’ouverture de la Conférence économique africaine qui a pour thème : Nourrir l’Afrique : vers une industrialisation agro-alimentaire pour une croissance inclusive.
La Commission économique pour l’Afrique insiste depuis plusieurs éditions de son Rapport économique annuel sur l’État de développement et sur le retour à la planification, estimant que la forte présence de l’État est essentielle pour favoriser la transformation structurelle du continent. Comme celui-ci est doté de ressources naturelles, les occasions pour promouvoir l’industrialisation, l’industrialisation agroalimentaire et celle fondée sur les produits de base, ainsi que la diversification des exportations grâce à des politiques industrielles dynamiques sont nombreuses.
M. Hamdok souligne que les industries agroalimentaires exigeront « des mesures qui ciblent l’économie locale axées spécifiquement sur le développement des compétences, les capacités technologiques et l’accès aux capitaux et aux marchés, ainsi que la coopération entre acheteurs et fournisseurs à chaque étape de la chaîne de valeur ».
Le Vice-président nigérian Osinbajo, prenant la parole au nom du Président Muhammadu Buhari, a fait part des nombreux efforts fournis par le gouvernement pour soutenir l’agriculture et ses chaînes de valeur afin de diversifier et transformer l’économie en l’absence de ressources pétrolières, qui ont été la base de l’économie.
Il exprimé son désir de voir la conférence proposer des recherches fondées sur des données probantes et de bonnes pratiques qui contribueraient à transformer la production agricole du Nigéria et d’autres pays africains pour une croissance plus durable.
Le Président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, rappelle aux participants que le Nigéria a été choisi pour accueillir la conférence en grande partie en raison de son énorme potentiel agricole qui, si bien exploité, pourrait devenir une force mondiale grâce à l’agroindustrialisation.
L’agriculture, déclare Adesina, contribue à plus de 28% du PIB de l’Afrique et détient la clé pour accélérer la croissance et la diversification et la création d’emplois pour les économies africaines.
Abdoulaye Mar Dieye, Secrétaire général adjoint de l’ONU et Directeur du Bureau régional du PNUD pour l’Afrique, demande aux gouvernements africains de collaborer avec leurs partenaires bilatéraux et multilatéraux pour soutenir le programme d’industrialisation agroalimentaire du continent. S’exprimant sur le potentiel agricole de l’Afrique, M. Dieye déclare: « L’agriculture peut être la goldengate de la prospérité de l’Afrique; C’est le pétrole à haut indice d’octane qui, s’il est correctement exploité, peut transformer radicalement le continent ».
Pour sa part, Eric Maskin de l’Université de Harvard et colauréat du Prix Nobel d’économie 2007 a présenté brièvement les raisons pour lesquelles la mondialisation accentue l’inégalité au lieu de la réduire. M. Maskin appelle à une meilleure éducation et formation des compétences, afin de fournir aux personnes dans les zones rurales agricoles les compétences nécessaires pour leur permettre de trouver un emploi dans des établissements agro-alimentaires.
La Conférence économique africaine est co-organisée par la Banque africaine de développement, la Commission économique pour l’Afrique et le Programme des Nations Unies pour le développement. Plus de 300 chercheurs et représentants d’institutions internationales y sont présents.